Abstract
Ce travail étudie le devenir sur le temps long des constructions à sujet postposé caractéristiques du français ancien. Les constructions à verbe en deuxième position (V2) sont celles où le verbe est précédé d'un syntagme, et suivi dans les structures non-ambiguës du sujet exprimé. Ces constructions sont suivies dans le corpus ConDÉ, corpus calibré de coutumiers normands allant de 1250 à 1771. Une courbe déclinante régulière de 5% à 0,3% y est documentée, et les divergences de certains témoins par rapport à cette courbe sont expliquées en termes de registre. Les constructions sont typiquement motivées dans la première période par un syntagme initial topique (pour ce doit-il le faire), puis par un coordonnant (et doit-on le faire), qui laisse la place aux adverbiaux à valeur souvent concessive qui subsistent aujourd'hui (encore faudrait-il le faire). Le passage de la deuxième à la troisième période est préfiguré par l'emploi important de toutefois au 16e siècle. Une compréhension fine d'un changement syntaxique est ainsi promue par son étude sur le temps long.