DOI : https://doi.org/10.25364/19.2021.5.2

ISSN : 2663-9815

Studia linguistica romanica 2021.5

Étude lexicale et aréale des désignations du pissenlit en domaine gallo-roman de France

Carole F. Chauvin-Payan, Maeva Seffar, Philippe J. Genoud, Clément O. Chagnaud, Philippe Garat

Université Grenoble Alpes

carole.chauvin@gipsa-lab.grenoble-inp.fr

Reçu le 30/12/2019, accepté le 24/7/2020, publié le 19/3/2021 selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)

Résumé : Depuis 2015 nous participons au projet Extraction automatisée des contenus géolinguistiques d'atlas et analyse spatiale : application à la dialectologie (ECLATS, ANR-15-CE-380002). Ce projet a pour objectifs de valoriser les atlas linguistiques anciens, tels que l'Atlas linguistique de la France (ALF), de faciliter l'exploitation et la diffusion des cartes de l'ALF, de définir des modèles combinant les dimensions linguistiques, spatiales et temporelles pour représenter les données géo-linguistiques et enfin de proposer des outils permettant le traitement et la géo-visualisation de ces données. Dans le cadre de ce projet, nous avons effectué le traitement lexical et aréal des désignations du pissenlit à partir de la carte ALF n°1022. Nous proposons ici de présenter les résultats de nos recherches.

Abstract: Since 2015 we have participated in the project Extraction automatisée des contenus géolinguistiques d'atlas et analyse spatiale : application à la dialectologie (ECLATS, ANR-15-CE-380002). The aim of this project is to enhance the value of ancient linguistic atlases, such as the Atlas linguistique de la France (ALF), to facilitate the exploitation and dissemination of ALF maps, to define models combining linguistic and spatial dimensions to represent geo-linguistic data and, finally, to propose tools for processing and geo-visualization of these data. As a part of this project, we have carried out a lexical and areal analysis of the dandelion designations in the Gallo-Romance area of France, ALF map no. 1022. This paper presents the results of our research and the tools used.

Sommaire
1 Introduction
2 Étude lexicale des désignations du pissenlit
2.1 Contexte d'étude
2.2 Caractéristiques physiques du pissenlit
2.2.1 Forme de la plante et ses parties
2.2.2 Aspect, texture du capitule et des feuilles
2.2.3 Substance laiteuse de la plante
2.2.4 Couleur et luminosité du capitule
2.2.5 Photonastie
2.3 Vertus curatives ou propriétés médicinales
2.4 Comestibilité de la plante
2.5 Usages de la vie quotidienne : jeux d'enfants
2.6 Croyances socioculturelles
3 Étude aréale des désignations du pissenlit
4 Observations et analyse
4.1 Observations et analyse aréale
4.2 Observations et analyse lexicale
5 Conclusion
Abréviations
Bibliographie

1 Introduction

[1] Pour le traitement lexical des désignations de la plante pissenlit (Taraxacum officinale Weber F.H.Wigg.) en domaine gallo-roman de France, nous avons utilisé la carte n° 1022 de l'ALF. Cet atlas, réalisé par Jules Gilliéron et Edmond Edmont, a été publié entre 1902 et 1910. Pour son élaboration, Edmont a effectué des enquêtes de terrain dans 638 communes de la France auprès de 735 informateurs. Pour ce faire, il a utilisé un questionnaire composé de mots, de groupes de mots ou de phrases portant sur différentes thématiques : l'être humain, les animaux, les végétaux ou les phénomènes atmosphériques. Les données dialectales recueillies ont été transcrites en alphabet phonétique Rousselot-Gilliéron et ont donné lieu à la publication de 1920 cartes.

[2] Ces 1920 cartes ont été numérisées puis mises en ligne dans le cadre du projet ECLATS. Elles sont accessibles en ligne depuis un navigateur web via l'application Cartodialect.

Figure 1 : Fonctionnalités de l'application Cartodialect

Cette application permet :

-

de naviguer parmi les cartes de l'ALF et de les visualiser à différents niveaux de zoom ;

-

d'effectuer une recherche de cartes spécifiques selon différents critères (intitulé, thématique…) ;

-

d'annoter les cartes ; pour chaque forme phonétique d'une réponse relevée sur une carte le dialectologue peut renseigner sa propre interprétation et éventuellement la propager automatiquement à des réponses identiques ou similaires ;

-

d'exporter les données d'annotation au format Excel ou vers les outils d'analyse spatiale ShinyDialect et ShinyClasses développés également dans le cadre du projet ECLATS.

[3] À partir de l'application en ligne Cartodialect, nous avons effectué le traitement phonétique et lexical des désignations du pissenlit, carte ALF n° 1022.

Figure 2 : Annotation de la carte ALF n° 1022 à l'aide de Cartodialect

Concernant le traitement phonétique des désignations dialectales de cette carte et des autres cartes de l'ALF, l'équipe des dialectologues du projet ECLATS s'est appuyée sur le protocole de transcription phonétique élaboré dans le cadre du projet SYMILA. Ce protocole, qui propose une équivalence entre les caractères phonétiques de l'alphabet Rousselot-Gilliéron et les caractères phonétiques de l'Alphabet phonétique international (API), présente 450 caractères phonétiques. Par ailleurs, dans le cadre du projet ECLATS, les dialectologues ont choisi de noter l'accent tonique par un trait vertical avant la voyelle. La longueur des voyelles est notée par les deux points triangulaires (le chrone) de l'API et nous avons choisi de noter la brièveté des voyelles en utilisant l'arc de cercle, diacritique qui est commun à l'alphabet Rousselot-Gilliéron et à l'API. Concernant la transcription des r de l'alphabet Rousselot-Gilliéron présents pour les désignations dialectales du pissenlit, nous avons utilisé les caractères phonétiques de l'API correspondant à la consonne vibrante alvéolaire et à la consonne fricative uvulaire (tableau 1).

Numéros points

carte ALF n° 1022

Transcriptions phonétiques alphabet Rousselot-Gilliéron

Transcriptions phonétiques

API

105

[pˈĭsãlĭ]

415

[pĭ̞sãlĭ]

525

[pĭ̞sŏliːᵗ]

752

[pˈĭ̝sŭ̝rlĭ]

72

[kʁˈaːmjă]

Tableau 1 : Transcriptions Rousselot-Gilliéron et API

Les annotations des formes dialectales de la carte ALF n° 1022 seront rendues publiques après la parution de cet article.

2 Étude lexicale des désignations du pissenlit

2.1 Contexte d'étude

[4] Pour l'étude des désignations du pissenlit en domaine gallo-roman de France, nous avons pris en compte les données dialectales de la carte ALF n° 1022, mais aussi les données présentées par Rolland (1908 : 182-196). Pour les données de Rolland qui ont été transcrites en alphabet latin, nous ne présenterons pas de transcription phonétique. Ensuite, pour les formes dialectales étudiées, nous avons effectué des recherches étymologiques en nous appuyant sur le FEW. Enfin, nous avons analysé ces données d'après l'approche théorique de la sémantique motivationnelle qui conçoit le signe linguistique comme une structure dynamique. À ce propos Guiraud (1969 : 24) écrit :

[…] toute nouvelle création verbale est nécessairement motivée ; tout mot est toujours motivé à l'origine et il conserve cette motivation, plus ou moins longtemps, selon les cas, jusqu'au moment où il finit par tomber dans l'arbitraire, la motivation cessant d'être perçue.

Pour Guiraud (1969 : 24), le signe linguistique n'est pas statique, il évolue selon plusieurs phases ; c'est ce que l'auteur appelle le « cycle motivationnel ».

[5] Dans ses travaux sur la motivation sémantique, Dalbera (2009 : 78), qui s'inspire de Guiraud (1969), décrit la création lexicale :

[…] le signe, à sa création, est motivé, qu'il veut dire quelque chose et que, par conséquent, il est toujours construit. Premier point donc : tout signe lexical est doté d'un motif. Ce motif cependant n'intervient que dans la phase initiale d'apparition du signe, car une fois que celui-ci est en place, il s'émancipe volontiers de ce motif-source ; il devient conventionnel […].

L'auteur reprend l'idée de cycle motivationnel en la schématisant ainsi :

Les unités lexicales connaissent donc un parcours cyclique fait de trois phases : (1) motivation (création motivée du signe), (2) convention (utilisation du signe entérinée par la convention sociale d'usage), (3) arbitraire (utilisation du signe totalement dissociée des motifs qui ont servi à le forger), qui peuvent s'enchaîner : (1) re-motivation (éventuelle), (2) nouvelle validation par la convention d'usage, (3) de nouveau opacification et arbitraire et ainsi de suite. (Dalbera 2006 : 22)

[6] Concernant l'étude de la motivation sémantique, Alinei (1992) adopte une position différente de celles de Guiraud (1969) et de Dalbera (2006, 2009). Ses recherches s'inscrivent dans un cadre interdisciplinaire où la linguistique est en interaction avec d'autres disciplines telles que l'archéologie, l'anthropologie, l'histoire, la géographie. Pour cet auteur « […] il est impossible d'expliquer la complexité extraordinaire des contacts culturels et linguistiques européens sans une optique interdisciplinaire » (Alinei 1992 : 577). L'auteur propose, par ailleurs, une autre terminologie pour désigner la notion de motivation et la discipline qui lui est associée « […] I have also proposed a less ambiguous name than « motivation » for the notion, namely iconym (from icone and -nym) for the « motivation » and iconomastics for its study » (Alinei 1997 : 3). Enfin, de ses différents travaux, notamment ceux tirés de l'ALE concernant l'étude iconomastique des désignations de l'Arc-en-ciel (Alinei 1983) et l'étude iconomastique des désignations de la Belette (Alinei 1986), l'auteur dégage une typologie stratigraphique des représentations magico-religieuses dans la zoonymie et la phytonymie populaire, dans les noms de phénomènes atmosphériques et dans les noms de maladies (Alinei 1997  : 17-21) :

1.

le stade anthropomorphique chrétien ou islamique ;

2.

le stade anthropomorphique pré-chrétien ou pré-islamique ;

3.

le stade anthropomorphique ou totémique.

[7] Plusieurs travaux concernant l'étude lexicale ou l'analyse de sémantique motivationnelle des désignations du pissenlit ont déjà été menés sur le domaine franco-provençal (Signorini 2005), sur le domaine gallo-roman (Schurter 1921) et sur l'espace européen (Cugno & Nevaci 2015). Par la présente étude, nous espérons apporter des éléments pertinents quant à la grande variété des motivations associées aux désignations du pissenlit et quant à la répartition géolinguistique de ces désignations en domaine gallo-roman de France.

[8] Avant de présenter les désignations dialectales du pissenlit (Taraxacum officinale Weber F.H.Wigg.) selon ses motifs (ou motivations), nous allons décrire cette plante.

Figure 3 : Description du pissenlit (Papst et al. 1887 : tableau 5)

[9] Le taraxacum officinale appelé communément pissenlit ou dent de lion est une espèce de la famille des Asteraceae (Escuder 2014). Cette plante, très commune dans les régions de la France métropolitaine, pousse à l'état sauvage essentiellement dans les chemins, les pelouses et les prairies. Le pissenlit est composé de racines qui s'enfoncent profondément dans la terre, de feuilles dentelées, de tiges creuses. Sur chaque capitule plat (réceptacle en forme d'assiette) sont regroupées les fleurs (fleurons) jaunes. Lorsque les fleurs se fanent, elles se transforment en pappus (aigrettes). Le grand nombre d'espèces de pissenlits rend complexe leur détermination botanique. De fait, les botanistes considèrent trois grands groupes d'espèces de pissenlits en France. Le pissenlit commun fait partie du groupe Taraxacum gr. Ruderalia.

[10] Les désignations du pissenlit ou dent-de-lion du domaine gallo-roman de France, que nous traitons dans cet article, sont très variées. En effet, ces désignations font d'une part référence aux différentes parties de la plante, à sa couleur, à ses propriétés médicinales, à ses usages, et d'autre part à ses différents stades de maturité. Les différentes recherches (Fruyt 1993 ; Signorini 2005 ; Scarlat 2008 ; Cugno & Nevaci 2015) menées sur les désignations de phytonymes comme le pissenlit ont proposé plusieurs classifications motivationnelles. Chez Cugno & Nevaci (2015), les motifs ont été catégorisés ainsi :

1.

l'aspect de la plante ;

2.

jeux d'enfants ;

3.

croyances populaires ;

4.

animaux ;

5.

noms de parenté ;

6.

êtres humains ;

7.

noms chrétiens.

Chez Signorini (2005) et Scarlat (2008), les motifs ont été classés selon deux grandes catégories :

1.

les traits internes de la plante incluant la morphologie, l'aspect, la couleur, la substance ;

2.

les traits externes à la plante incluant le biotope ou milieu de pousse, la comestibilité, les références calendaires, les usages domestiques et les croyances socioculturelles.

Pour catégoriser les désignations du pissenlit, nous nous sommes inspirés des travaux cités précédemment en intégrant les motifs suivants :

-

les caractéristiques physiques de la plante ;

-

les vertus curatives ou propriétés médicinales ;

-

le caractère comestible de la plante pour les humains ou pour les animaux ;

-

les usages de la vie quotidienne : jeux d'enfants ;

-

les croyances socioculturelles, mais aussi les différents stades de maturité de la plante :

-

le capitule en bouton ;

-

le capitule en pleine inflorescence jaune ;

-

le capitule fané avec les pappus ;

-

le capitule fané sans les pappus.

2.2 Caractéristiques physiques du pissenlit

[11] Nous présenterons les désignations motivées par les caractéristiques physiques de la plante en commençant par la morphologie de la plante. Ici, chaque partie du pissenlit intervient : les feuilles, le capitule en bouton, le capitule jaune en pleine inflorescence, le capitule avec ou sans les pappus (aigrettes) et la forme générale de la plante.

2.2.1 Forme de la plante et ses parties

[12] Les feuilles dentelées du pissenlit ont constitué un motif assez prolixe. Ces dernières ont pu être comparées aux dents d'un animal ou à un objet comportant des dents. Les désignations [kʁˈaːmja] cramya, [krɔ̆măjɔː] cromayo 'cramaillot' et [kˈœːrlãm] querlame issues du grec kremaster1 'crémaillère' sont attestées en domaine d'oïl, en Haute-Saône, dans le Doubs et en Côte d'Or (FEW 2 : 1314b). La forme dialectale [dã də lˈiõ̞] den d lion 'dent de lion' issue du latin dens 'dent' et du latin leōne 'lion' et ses variantes sont attestées en domaine franco-provençal. Cette forme dialectale est considérée comme très répandue en Savoie (Constantin & Gave 1908 : 94 ; FEW 5 : 256a). Les désignations [dˈɔ̆ d ʃjĕ] do d chié 'dent de chien' et [ʃjˈɛ̃dã] chienden 'chiendent', issues du latin dens 'dent' et du latin cănis 'chien', sont présentes en domaine d'oïl dans le département des Vosges (FEW 2 : 194b). Enfin, la forme de la feuille a été comparée à un couteau, telle la désignation [kŭ̝stĕlˈĭ̝no] coustélino 'petit couteau', continuatrice du latin cŭltĕllus + suffixe -inus, qui est présente en domaine occitan (FEW 2  : 1500b).

[13] La morphologie du capitule est une source de motivation très riche et variée. Pour le capitule, quatre stades de maturité ont été pris en compte  :

1.

le capitule (fleur) en bouton ;

2.

le capitule en pleine inflorescence jaune ;

3.

le capitule avec ses pappus (aigrettes) ;

4.

le capitule sans les pappus (aigrettes).

Selon Canobbio & Telmon (1988 : 101-103) et Signorini & Scarlat (2005 : 384), la forme de la fleur en bouton est le motif utilisé pour les désignations dialectales du pissenlit relatives au museau d'un animal, tel le museau du porc. Ainsi, les désignations [ɡrˈi̝ɲoː] grigno, [ɡrˈỹɲ] grugn continuatrices du latin populaire grŭnium 'groin' sont attestées en domaine d'oïl et occitan, [ɡrwɛ d pwˈɛ] grwè d pwè 'groin de porc', continuatrice du latin populaire grŭnium et du latin porcus, est attestée en domaine franco-provençal (FEW 4 : 293b). Parallèlement au terme 'groin', le terme 'museau' apparaît dans les désignations telles que [mˈu̝ːrĕ] mouré et [mˈɔ̆rĕ] moré 'museau' issus du latin murru (REW 5762 ; FEW 6/3 : 232b, référencé sous la racine *mŭrr-), [pitʃjo mˈu̝ːre] pitchiot mouré 'petit museau' continuatrice du latin populaire *pettītus et du latin murru, [mŭ̝rĕ pˈu̝rsḭ] mourre pourcin 'museau de porc' issue du latin murru et du latin porcus + suffixe -inus (FEW 6/3 : 232b, référencé sous la racine *mŭrr-). La forme dialectale [repũntʃˈu] repountchou 'museau de porc', issue du latin murru 'museau' (REW 5762  ; FEW 6/3 : 232b), attestée en domaine occitan, est certainement le résultat d'une aphérèse de la forme (mour)-re associée à la forme [pũntʃˈu] pountchou, issue du latin porcus + suffixe -inus. La forme répountchou est aussi référencée par le FEW (10 : 72b) sous l'étymon latin rapum 'rave', qui fait référence aux racines. Par ailleurs, la désignation mourre d'aze 'museau d'âne', issue du latin murru et du latin asīnus 'âne', est répertoriée en domaine occitan à Arles (Rolland 1908 : 186).

[14] La forme arrondie du capitule en pleine inflorescence a donné plusieurs désignations. La première fait référence à la forme circulaire du capitule, ce dernier pouvant être considéré comme une grosse tête. Ainsi, nous rencontrons la forme dialectale [tetˈɑr] tétar 'tétard', issue du latin tĕsta, attestée en domaine d'oïl. La désignation œil de bœuf issue du latin ŏcŭlus 'œil' et du latin bōs 'bœuf' (FEW 7 : 315b), qui est répertoriée par Rolland (1908 : 186), résulte de la comparaison entre la forme arrondie du capitule et ses fleurs et un œil avec ses cils. Dans son étude sur l'utilisation des animaux ou d'une partie de leur corps dans la taxinomie populaire, Guiraud (1967 : 155) écrit :

Parmi la façon de nommer les plantes, l'une des plus fécondes consiste à en assimiler quelque partie (feuille, fleur, épi, racine) à la partie correspondante du corps animal.

Pour cet auteur :

Les yeux sont des fleurs rondes, régulières, disposées en capitules ou en rosaces, la partie centrale formant l'iris. Les plus caractéristiques sont les œils de bœuf qui désignent principalement des composés du type marguerite. […] œil de bœuf : « grande marguerite », « esp. de camomille », […] « pissenlit » (Guiraud 1967 : 156)

Il arrive parfois que la forme circulaire du capitule soit associée à la couleur jaune. Rolland (1908 : 187) fait mention de la désignation soleil, continuatrice du latin populaire *sōliculus, usitée en de nombreux endroits. La désignation florin d'or, résultant d'un emprunt de l'italien fiorino, dérivé de fiore 'fleur' issue du latin flōs 'fleur' (Bloch & Wartburg 2002 [1932] : 266-267) et du latin aurum 'or' est attestée en Wallonie (Rolland 1908 : 186).

[15] Le capitule du pissenlit avec ses aigrettes blanches est une autre source d'inspiration importante pour l'être humain. Pour le nommer, les motifs les plus fréquents sont la forme qui est souvent associée à l'aspect duveteux, poilu ou aérien des aigrettes. C'est le cas pour la désignation [kˈy̝̝̝̆ŭ blã] cuou blan 'cul blanc', issue du latin cūlus 'partie postérieure de l'homme ou de l'animal' et du germanique *blank (FEW 2 : 1507a), qui est attestée en domaine occitan. Cette désignation fait référence à des fesses rondes et blanches avec la couleur blanche des aigrettes. Concernant les sources de motivation de la désignation [tҫy d pˈul] tchu de poul 'cul de poule', continuatrice du latin cūlus et du latin pŭllus, féminin pŭlla (FEW 2 : 1508a), plusieurs hypothèses sont proposées. Selon Signorini & Scarlat (2005 : 385), cette désignation serait motivée par la forme de la fleur en bouton, qui vue de profil ressemblerait à un cul de poule. De notre point de vue, si la désignation tcu de poul 'cul de poule' est motivée par la forme, ce serait plutôt par la forme arrondie du capitule associé aux aigrettes. En effet, le capitule peut être comparé à un cul de poule arrondi, voire l'ustensile de cuisine 'cul de poule' et les pappus (aigrettes) peuvent être comparés au duvet tout doux d'un oiseau. La désignation flocată 'flocon' issue du latin flŏccus 'flocon poilu ou de neige' attestée en domaine franco-provençal fait référence au caractère arrondi du capitule, à sa légèreté et implicitement à sa couleur (Constantin & Gave 1908 : 94  ; FEW 3 : 624a-626b). La même association de motifs se retrouve pour les désignations nuadyé 'nuage' issue du latin nūbes 'nue' attestée en domaine occitan et mouton continuatrice du gaulois *multo 'mâle châtré' attestée en domaine d'oïl dans la Manche (Rolland 1908 : 188). La forme arrondie et l'aspect poilu se retrouvent pour la désignation tête de chat attestée en domaine d'oïl dans l'Orne (Rolland 1908 : 188).

[16] Le capitule sans aigrette est souvent comparé à la tête d'un personnage religieux ayant une tonsure ou une tête chauve. Ainsi, nous rencontrons les désignations [mwɛ̆n] mwèn 'moine' aboutissant du latin mŏnăchus (FEW 6/3 : 66a) et [kɔpelˈɔ] copélo présentes en domaine occitan. Rolland (1908 : 186) présente les désignations suivantes : tieste de prestre 'tête de prêtre' aboutissant du latin tĕsta 'tête' et du latin presbȳtĕr 'prêtre', teste de moyne 'tête de moine' aboutissant du latin tĕsta 'tête' et du latin mŏnăchus (FEW 13/1 : 275a) et couronne de prestre continuatrice du latin cŏrōna 'couronne' et du latin presbȳtĕr 'prêtre', usitées en français au 15e, 16e siècle et 17e siècle. Viennent ensuite couronne de moine, attestée en domaine d'oïl en Seine inférieure et capirou, probablement issue du latin cappa 'sorte de coiffure', attestée en domaine occitan.

[17] Pour finir sur le motif de la forme, nous présenterons des désignations qui peuvent être associées à la forme du capitule avec ses aigrettes ou à la forme générale du pissenlit incluant la tige et le capitule. La morphologie de ces deux éléments pouvant être résumée en un axe vertical sur lequel serait posée une forme ronde. La désignation [tsˈãⁿdĕλṵ] tsandellou 'chandelle' continuatrice du latin candēla 'chandelle, cierge' (FEW 2 : 179a) est attestée en domaine occitan. Les désignations bougie continuatrice de l'algérien Bugāya 'nom d'une ville d'Algérie' où étaient achetées de la cire et des bougies (FEW 19 : 35a), chandelle de curé issue du latin candēla et du latin cŭra 'soin, attention' sont attestées en domaine d'oïl et chandelle est attestée dans un grand nombre d'endroits selon Rolland (1908 : 187). Ces désignations résultent de deux comparaisons possibles. La tige du pissenlit et le capitule avec ses aigrettes blanches sont comparés au bâton du cierge avec son halot éclairé (forme ronde) sur lequel il est possible de souffler, comme il est possible de souffler sur les aigrettes. Signalons ici que le fait de souffler sur les aigrettes du pissenlit constitue un rituel oraculaire pratiqué dans de nombreuses régions (§ 2.6). Ou alors la tige et le capitule en inflorescence jaune sont comparés au bâton du cierge éclairé avec son halot.

2.2.2 Aspect, texture du capitule et des feuilles

[18] Nous commencerons par présenter les désignations qui sont motivées par l'aspect poilu ou duveteux du capitule avec ses aigrettes. Ainsi, Rolland (1908 : 188) présente des désignations relatives à l'aspect poilu et doux du chat, telles que poil de chat aboutissant du latin pīlus 'poil' et cattus 'chat' attestée en domaine d'oïl dans l'Orne et chèton 'chaton' aboutissant du latin cattus + suffixe diminutif -one(m), attestée en domaine d'oïl en Haute-Saône. Viennent ensuite les désignations miné 'minet', minouche, minou attestées en domaine d'oïl dans la Manche et le Pas-de-Calais. Ces désignations sont des aboutissants du verbe minower 'miauler' ayant donné minon vers 1380, puis minette dès 1560 et minet en 1718, qui évoque un mot de caresse et le miaulement du chat (Bloch & Wartburg 2002 [1932] : 410 ; FEW 6/2 : 96-97). La désignation mimi 'mot affectif pour le chat', résultat de l'apocope de la syllabe -net dans minet et du redoublement de la première syllabe mi-, est attestée en domaine d'oïl dans le Maine-et-Loire, le Loir-et-Cher et l'Orne. Le chat fait une dernière apparition dans la désignation mimi voyageur attestée en domaine d'oïl dans le Calvados. Dans ce cas, les pappus du pissenlit poilus et doux qui ont la faculté de s'envoler avec le vent sont associés à un chat voyageur.

[19] La texture douce, soyeuse et légère des aigrettes est un motif qui apparaît pour des désignations relatives aux oiseaux. Chez Rolland (1908 : 188), nous trouvons les désignations suivantes : aoussèl continuatrice du latin avis 'oiseau' ayant donné en latin populaire *aucellus 'petit oiseau' (FEW 25 : 795-796), attestée en domaine occitan dans l'Aveyron et pérdigolo probable continuatrice du latin pĕrdix 'perdrix' + gallus 'coq' (FEW 8 : 228b-229a) attestée en domaine occitan, en Pays Cévenol. Ensuite, viennent les désignations relatives aux plumes ou au duvet. Bourro dé coucutt 'bourre de coucou', issue du latin bŭrra 'bure, étoffe de laine' (FEW 1 : 640) et du latin cŭcūlus 'coucou' (FEW 2 : 1454b), est attestée en domaine occitan en Lozère. Les désignations plumo et plume issues du latin plūma 'duvet' sont attestées en domaine occitan dans l'Aveyron et en domaine d'oïl dans les Deux-Sèvres et le Calvados, tandis que plumes d'oie est attestée en domaine d'oïl dans l'Allier. Les désignations duvé, déve 'duvet' continuatrices de l'ancien scandinave dūnn2 sont présentes en domaine occitan dans le Puy-de-Dôme et en domaine d'oïl dans l'Orne, la Vienne et la Somme. Enfin, pour l'extrême douceur des aigrettes, nous rencontrons les désignations ouate d'origine inconnue (FEW 21 : 442b), attestée en domaine d'oïl en Ille-et-Vilaine, coutou continuatrice de l'arabe qutun 'coton' (FEW 19 : 102), attestée en domaine occitan dans le Cantal et doudou, issue du latin dŭlcis 'doux' (FEW 3 : 176b) avec un redoublement de la syllabe dou-, qui est attestée en domaine d'oïl dans l'Aisne.

[20] Nous pouvons observer que beaucoup de désignations présentées ci-dessus telles que minouche, minet, minou, mimi, doudou sont hypocoristiques et témoignent d'une intention affectueuse vis-à-vis du pissenlit avec ses aigrettes, du chat ou de l'oiseau. Ce qui n'est pas le cas pour d'autres désignations motivées par la texture. De fait, la texture frisée ou crépue des feuilles du pissenlit a donné les désignations [kroːp] crop, [kʁɛ̆pˈaːla] crèpala et [krepˈœta] crépeta, issues du latin crĭspus 'crépu, frisé', qui sont attestées en domaine franco-provençal (FEW 2 : 1348b).

2.2.3 Substance laiteuse de la plante

[21] Les désignations du pissenlit sont motivées par la substance laiteuse contenue dans la tige et par le fait que le pissenlit est une plante nourricière. Ainsi, rencontrons nous les désignations [lˈɛ̆trõ̞] laitron, aboutissant du latin lāc 'lait' + suffixe -arius + suffixe -one(m) (FEW 5 : 123a, s.v. lactarius), attestée en domaine d'oïl et [lˈătʃõ̞ d sălăda] latchon d salada 'laiteron de salade' aboutissant du latin lāc 'lait' + suffixe -one(m) (FEW 5 : 113a), attestée en domaine franco-provençal. De son côté, Rolland (1908  : 184) répertorie les désignations poupe-lètt 'biberon' aboutissant du latin populaire *pŭppa 'petit enfant' et du latin lāc 'lait' (FEW 9 : 604b), attestée en domaine occitan dans les Hautes-Pyrénées et bèti-ton-beurre 'bats-ton-beurre' issue du latin battuere et du latin būtyrum 'beurre' (FEW 1 : 295b), attestée en domaine d'oïl dans le Doubs.

2.2.4 Couleur et luminosité du capitule

[22] Les désignations motivées par la couleur font majoritairement référence à la couleur jaune. La désignation [bukˈe dʒˈɑune] bouqué djaune 'bouquet jaune' est attestée en domaine occitan. D'autres désignations font référence à la luminosité et l'éclat du capitule jaune en le comparant à une étoile ou à un satellite, telles que soleil (déjà signalé), étoile issue du latin stēlla 'étoile' attestée en domaine d'oïl dans l'Indre et la Nièvre, lune continuatrice du latin lūna 'lune' attestée dans un grand nombre d'endroits et lunèto 'petite lune' attestée en domaine occitan en Lozère (Rolland 1908 : 187). Le capitule jaune est parfois comparé à un phénomène atmosphérique lumineux, ce qui transparait dans les désignations éclair continuatrice du latin populaire *exclāriāre 'éclairer' (FEW 3 : 274) et fleur de tonnerre, continuatrice du latin flōs 'fleur' (FEW 3 : 630) et du latin tŏnĭtrus 'tonnerre' (FEW 13/2 : 27b), qui sont attestées en domaine d'oïl en Seine inférieure (Rolland 1908 : 188).

2.2.5 Photonastie

[23] La dernière caractéristique physique du pissenlit se rapporte à la manière que le pissenlit a de s'ouvrir et de se fermer en fonction du soleil. Les désignations [turnˈœ midˈi] tourne-midi, continuatrice du latin tornāre 'façonner au tour', medius 'qui est au milieu' et dīes 'jour', [midˈi] midi et [sɛrnˈɛt] sernette 'petite qui serre', continuatrice du latin populaire *serrāre 'serrer' + suffixe diminutif -itta (Signorini & Scarlat 2005 : 384), attestées en domaine d'oïl, se rapportent à la photonastie. Rolland (1908 : 189) répertorie la désignation biro-sourèl 'vire-soleil' continuatrice du latin vībrare 'faire tournoyer' et du latin sōl 'soleil' (FEW 14 : 394b-395a), attestée en domaine occitan dans le Tarn.

2.3 Vertus curatives ou propriétés médicinales

[24] Dans les usages médicinaux traditionnels, le pissenlit est utilisé pour purifier le sang, nettoyer l'organisme, faciliter la digestion, stimuler le foie, guérir les affections rhumatismales et cutanées. Au 18e siècle, selon Bulliard (1780 : 472), « Les racines, tiges, feuilles contiennent un suc amer, qui est détersif, diurétique, purifiant, fondant ou désobstruant. La racine s'emploie en bouillons, en tisane ; les feuilles en bouillon, en tisane en apozemes, et se mangent en salade ». Au 21e siècle, le pissenlit est encore reconnu pour ses propriétés diurétiques et laxatives (Howes, Irving & Simmonds 2018). Les désignations que nous avons répertoriées se rapportent essentiellement aux vertus diurétiques et laxatives. Ainsi les désignations [pˈisãli] pissenli, [pĭ̞sŏliːͭ] pissaulit, [pĭʃŭliː] pichoulit 'pissenlit', continuatrices du latin populaire *pissiare 'uriner' et du latin lectus 'lit' (FEW 8 : 591-592), relatives au fait que le pissenlit fait uriner au lit sont utilisées dans tout le domaine gallo-roman de France. Les désignations [pi̞sãⁿkwˈi̞ːdzo] pissen-couidzo 'pisse-en-couche', continuatrice du latin populaire *pissiare 'uriner' et du latin collŏcāre 'coucher, placer dans une position horizontale' (FEW 2 : 907) et [pˈĭ̝ʃ də sã] pis de san 'pisse de chien' sont aussi motivées par le fait d'uriner, mais ne sont attestées que sur quelques localités.

[25] De par ses vertus diurétiques, le pissenlit a souvent été utilisé pour soigner des maladies liées aux reins et/ou à la vessie. Au 18e siècle, Buchoz (1770 : 216), docteur en médecine, préconisait l'usage de tisane de racines de pissenlit pour soigner la maladie de la gravelle « occasionnée par des graviers, sables ou petites pierres qui se forment dans les reins ou la vessie, et qui, en s'y arrêtant, causent une douleur violente qu'on appelle colique néphrétique ». Chez Mistral (1879 : 90) les formes gravello, grabello désignent le gravier de la vessie, la gravelle. Les désignations [ɡrˈɔ̆bɛ̆ls] grobèls et [ɡrˈɑːbĕl] grabél, qui selon le FEW (4 : 255b) sont des aboutissants de la forme prélatine *grava 'sable, gravier' (Bloch & Wartburg 2002 [1932] : 305), sont attestées en domaine occitan. Et dans ce cas, le motif de ces désignations est le gravier ou calcul rénal qui est soigné par le pissenlit.

[26] Le pissenlit est aussi connu pour ses propriétés laxatives, source de motivation des désignations [ʃiãːli] chi en li 'chie-en-lit' attestée en domaine franco-provençal et [kˈaɡɔ̆ʎɛ̆] cagoliè, cague-au-lhèyt attestée en domaine occitan, qui sont des aboutissants du latin cacāre 'chier' et du latin lectus 'lit' (FEW 2 : 18a). Enfin, le pissenlit peut soigner les yeux, pour preuve les désignations [lĕɡˈɒ̰ɲo̞] laigagno 'chassie', probablement issue du latin lagănum 'sorte de crêpe', ancien provençal laganha, provençal lagagno 'chassie' (FEW 5 : 130b), et [mˈăl d ɛ̆ls] mal d els 'mal des yeux' qui sont attestées en domaine occitan.

2.4 Comestibilité de la plante

[27] Les désignations motivées par la comestibilité du pissenlit se divisent en deux catégories, la comestibilité de la plante pour les humains et la comestibilité de la plante pour les animaux. Les désignations motivées par le caractère comestible du pissenlit pour les humains font, pour la plupart, intervenir le nom d'une autre plante comestible comme la laitue, la chicorée ou encore la salade. Commençons par la désignation [lĭ̝tˈy̞̞̞ːdzə] litudze continuatrice du latin lactūca 'laitue' attestée en domaine occitan. Ensuite, viennent les désignations relatives à la chicorée [ʃĭkŏrĕ] chicorée, [tʃˈi̝kŭ̝rĕ] tchicouré et [sĭ̝kŭ̝ɾˈɛ̆jo] sicourèyo continuatrices du latin cichorium 'chicorée' (FEW 2 : 665a) et [ʃi̝kɔɾˈe də prˈe] chicoré de prés, [ʃi̝kuɾˈe des prˈa] chicouré des pra 'chicorée de prés' attestées en domaine franco-provençal et en domaine occitan et qui sont associées au spécificateur 'prés', issu du latin prātum 'pré, prairie'. Notons ici qu'au 18e siècle, M. C. D. Chef de cuisine de M. le Prince de *** (1750  : 365-366) décrivait le pissenlit sous la rubrique chicorée. Il écrivait :

La chicorée sauvage qui a des fleurs jaunes […] est moins amère, plus tendre & meilleure à manger que celle qui a les fleurs bleues ; elle n'a qu'une petite amertume agréable. On l'emploie dans les salades quand les feuilles commencent à croître, & pendant qu'elles sont encore tendres […].

Enfin, les désignations [salˈɑːt] salat et [salˈada] salada 'salade' issues du latin sal 'sel' (FEW 11 : 82b) sont attestées en domaine d'oïl et franco-provençal. La désignation [salˈad dø prˈe] salad de pré 'salade de prés' se différencie des désignations précédentes par la présence du spécificateur 'prés' aboutissant du latin prātum 'pré, prairie'. Ce spécificateur distingue le pissenlit 'salade sauvage' des autres salades cultivées.

[28] Les désignations motivées par le caractère comestible du pissenlit pour les animaux font toutes apparaître le nom d'un animal domestique qui se nourrit du pissenlit. Dans ce bestiaire, sont présents le porc, la poule ou le coq, le lapin, le cheval et l'âne. S'ensuit la désignation [ẽɡrasjˈa pwɔrk] engrassya-pworc 'engraisse porc', aboutissant du latin populaire crassus 'épais, dense, gras' et du latin porcus 'porc' (FEW 2 : 1284a), attestée en domaine occitan. Les gallinacés sont bien représentés avec les désignations [kˈɔ̆ʃĕ] coché 'cochet', aboutissant de la racine kŏk- + suffixe -ittus 'petit coq' (FEW 2 : 859a) attestée en domaine d'oïl, [mirlikoʃˈɛ] mirlicochè, [ɡau̯] gaou aboutissant du latin gallus 'coq' (FEW 4 : 47a) attestée en domaine d'oïl, [ʒarˈina] jarina 'geline' aboutissant de gallus + suffixe -ina 'poule', [ʒalina ɡrasa] jalina grassa 'geline grasse' (FEW 4 : 39b) attestée en domaine occitan. Le lapin et le lièvre ont donné deux désignations [lăŭrĭ̝gɔ] laurigo, aboutissant du latin laurex 'lapereau' (FEW 5 : 208a) et [ʃiʃ də jˈɛv] chich de jève 'petite chose de lièvre'. Avec les désignations [pˈaː d ʃəwŏ] pa d chevo 'pain de cheval' et [pã dˈɑːno] pan d'ano 'pain d'âne', le pissenlit est considéré comme le pain des équidés.

2.5 Usages de la vie quotidienne : jeux d'enfants

[29] L'utilisation du pissenlit comme instrument de musique se retrouve pour deux désignations. Ainsi, [flˈɔːte] flote 'flute', aboutissant de fla-uta (FEW 3 : 612a), est attestée en domaine franco-provençal. La désignation [pip] pipe, pipeau est certainement un aboutissant de *pīppare 'pousser un petit cri' (FEW 8 : 560a). Les formes contérèlo et piperèl, qui désignent une trompette réalisée avec la tige du pissenlit, apparaissent chez Rolland (1908 : 191). L'auteur mentionne la description suivante :

Pour réussir cette trompette, on casse la tige en dessous de la fleur en frappant à cet endroit à plusieurs reprises avec le doigt et en disant : Pinto, pinto, pinto, / Si t' siffles bin, / J' te bèra du bon vin ; / Si t' siffles pas bin / J' te bèra du pissa d' cavalo (Rolland 1908 : 191).

Une autre utilisation de la tige du pissenlit existe, elle consiste à fendre

[…] la tige en quatre et on la met dans l'eau, alors elle se recroqueville d'une façon extraordinaire et se ratatine. C'est ce qu'on appelle faire des frisettes. (Rolland 1908 : 191)

Enfin, pour leurs jeux, les enfants utilisent la tête de pissenlit comme une chandelle et

[…] disent comme s'ils allaient se coucher : un, deux, trois, dormez-vous ? et ils éteignent la chandelle. (Rolland 1908 : 191)

2.6 Croyances socioculturelles

[30] Les croyances socioculturelles associées au pissenlit sont nombreuses. L'usage du pissenlit dans les pratiques de rituels oraculaires est répandu sur tout le domaine gallo-roman de France. Pour la pratique de ces rituels, l'être humain utilise parfois la tige. Ainsi, en domaine occitan dans la Drôme

Si une fille en faisant des trompettes de pissenlit, en crève une en soufflant dedans, c'est signe qu'un garçon lui fera un enfant dans l'année, sans qu'elle soit mariée.

En domaine d'oïl, dans la Vienne

Si vous voulez savoir si la personne à côté est hostile, vous mettez dans un verre d'eau une tige de pissenlit avec son fruit plumeux. Si cette tige se tortille, c'est que votre voisin vous veut du mal. (Rolland 1908 : 191-192)

[31] Souffler sur les pappus du pissenlit reste la pratique rituelle la plus usitée pour connaître l'avenir. Le rituel oraculaire comme motif transparaît dans les désignations suivantes : [ʃˈuʃ] chouch, probable aboutissant du latin sŭfflare 'souffler', soufflet attesté en domaine d'oïl dans la Manche, souflô en domaine d'oïl en Bretagne et souffle de la Vierge en domaine franco-provençal dans l'Ain. Les désignations prière, attestée en domaine d'oïl dans la Mayenne, la Vienne et l'Ille-et-Vilaine et bonne nouvelle, attestée en domaine d'oïl dans le Loir-et-Cher (Rolland 1908 : 189-190), montrent l'espérance qui est contenue dans le fait de souffler sur les aigrettes du pissenlit. Mais souffler sur les aigrettes peut apporter un bon ou un mauvais présage. Une croyance concernant le mariage est répandue partout en France :

Autant de fois une fille est obligée de souffler pour éteindre la chandelle, autant d'années elle aura à attendre avant de se marier.

Lorsqu'une personne souffle toutes les aigrettes du pissenlit d'un seul coup

[…] elle sera heureuse dans ses entreprises ; Elle recevra bientôt une bonne nouvelle ; Elle est aimée ; Elle sera heureuse en mariage. (Rolland 1908 : 192)

[32] La capacité des aigrettes à voler, à s'envoler, voire à voyager en étant portées par le vent est un autre motif important. Nous retrouvons ce motif dans les désignations suivantes qui sont présentes en domaine d'oïl : vouéli en Mayenne, vol-au-vent dans le Nord et l'Aisne, ventoux dans le Nièvre, voyageur et voyageuse en Saône-et-Loire (Rolland 1908 : 189). Le vol des aigrettes et leur direction est un signe de présage. Dans la Nièvre on dit que

Du côté où se dirige le duvet viendra une bonne nouvelle.

En Charente inférieure

La direction prise par le duvet est celle de la personne qu'on doit aimer.

En Ille-et-Vilaine

Quand les enfants sont perdus dans la campagne ils consultent le pissenlit pour savoir quelle direction prendre ; ils prennent la direction indiquée par l'aigrette qui s'envole le plus loin. (Rolland 1908 : 194)

3 Étude aréale des désignations du pissenlit

[33] Pour l'étude et la représentation aréale des désignations du pissenlit en domaine gallo-roman de France, nous avons utilisé l'outil ShinyDialect (Chagnaud et al. 2018) développé dans le cadre du projet ECLATS.

[34] ShinyDialect est un outil qui permet de réaliser des cartes interprétatives à partir de données ponctuelles qualitatives observées sur des points d'enquête qui sont géolocalisés. Dans le cadre de l'ALF , ShinyDialect permet d'importer et de sélectionner les données relatives à l'ensemble des points d'enquêtes, et de construire par interpolation spatiale les zones linguistiques homogènes, dont les limites sont appelées isoglosses.

[35] Pour le calcul des isoglosses, plusieurs méthodes peuvent être utilisées (Chagnaud et al. 2018 : 23-30) :

Plus proche voisin (PPV) : cette méthode attribue à chaque pixel la modalité égale à celle du point enquêté le plus proche. Cette méthode conduit à des aires polygonales (méthode PPV), en agrégeant les cellules de Vornoï marquées d'une même modalité. [...]

Méthode barycentrique : on attribue à chaque pixel la modalité recueillant le plus de poids, la pondération des points d'enquête étant inversement proportionnelle à la distance qui sépare les points d'enquête du pixel étudié.[...]

Thiessen lissé : en dehors des angles triples, c'est-à-dire ceux à la jonction entre trois polygones portant une modalité différente, tous les angles sont transformés pour être arrondis.

[36] Pour la représentation aréale des données dialectales de l'ALF, nous avons choisi une méthode de type vectoriel, la méthode Thiessen lissé. Nous avons utilisé cette méthode pour la réalisation d'une carte onomasiologique des désignations du pissenlit et pour la réalisation d'une carte de sémantique motivationnelle concernant ces mêmes désignations (figures 4 et 5).

Figure 4 : Carte onomasiologique des désignations du pissenlit, ALF n° 1022

Figure 5 : Carte motivationnelle des désignations du pissenlit, ALF n° 1022

4 Observations et analyse

4.1 Observations et analyse aréale

[37] La première observation sur la carte onomasiologique des désignations du pissenlit concerne les aboutissants du latin *pissiare + lectus 'pissenlit'. Ces aboutissants qui sont présents en domaine d'oïl, en domaine franco-provençal et en domaine occitan, constituent l'aire la plus importante du domaine gallo-roman de France. Ensuite, nous pouvons observer des aires très morcelées, qui sont réparties entre l'est et l'ouest du territoire. Parmi ces aires, les plus importantes sont constituées par les aboutissants de la racine kŏk- à l'ouest du domaine d'oïl et les aboutissants du latin murru en domaine occitan. Enfin, un grand nombre de ces aires ne sont constituées que par une seule localité.

[38] Concernant la carte de sémantique motivationelle, l'aire la plus étendue correspond au motif des vertus curatives regroupant les vertus diurétiques, laxatives et ponctuellement les propriétés permettant de soigner les yeux. Ensuite, la morphologie du capitule (fleur) est un motif qui apparaît dans des aires beaucoup plus restreintes localisées principalement en domaine occitan. Le motif de la morphologie de la feuille, quant à lui, est présent en domaine franco-provençal et à l'est du domaine d'oïl sur de petites zones aréales.

4.2 Observations et analyse lexicale

[39] Outre l'intérêt que nous avons porté à la représentation aréale des désignations du pissenlit, nous nous sommes intéressés à l'étude de la représentativité des motifs intervenant dans les désignations de cette plante, tout comme l'a fait Signorini (2005) dans ses recherches motivationnelles sur les phytonymes de l'Arc alpin.

[40] Sur la totalité des points d'enquêtes de la carte ALF n° 1022, 495 réponses dialectales ont été recueillies. Pour ces 495 réponses ou désignations dialectales, le motif le plus important est celui des vertus curatives qui apparaît pour 72% des réponses. Ensuite, viennent les motifs de la forme et de la comestibilité pour 10%. Enfin le motif de la substance représente 2%, l'aspect/texture, les usages de la vie quotidienne et le caractère sauvage 1%, (figure 6).

Figure 6 : Représentativité des motifs des désignations du pissenlit, ALF n° 1022

[41] Si maintenant l'on s'intéresse plus précisément à la représentativité des motifs spécifiques au sein des motifs généraux, vertus curatives et forme du pissenlit, voici les résultats obtenus (figures 7 et 8).

Figure 7 : Propriétés médicinales de la plante

Figure 8 : Morphologie de la plante

Concernant les vertus curatives, le motif le plus représentatif est celui des vertus diurétiques. Pour la forme de la plante, nous pouvons observer que les motifs les plus représentatifs sont la forme dentelée de la feuille et la forme du capitule en bouton.

[42] Notons ici que les résultats concernant la représentativité des motifs des désignations du pissenlit sont particuliers à cette plante. En effet, le traitement lexical et motivationnel que nous réalisons3 actuellement sur les désignations de plusieurs plantes comme le bleuet (ALF, carte 139), le chardon (ALF, carte 238), le chiendent (ALF, carte 278), la dauphinelle ou pied d'alouette (ALF, carte 378), le giroflée (ALF, carte 646), le millepertuis (ALF, carte 859), la molène (ALF, carte 872), le muflier (ALF, carte 888), l'œillet (ALF, carte 934) ou la pâquerette (ALF, carte 969) présentées dans l'ALF, nous montre que la diversité des motifs et leur représentativité varient selon les plantes. Ainsi, à la différence de l'étude motivationnelle des désignations du bleuet, l'étude des désignations du pissenlit révèle une grande diversité de motifs (vertus curatives, forme, aspect, substance, comestibilité, couleur, usages de la vie quotidienne), le motif des vertus curatives étant le plus représentatif pour 72% des réponses dialectales de l'ALF.

[43] Par ailleurs, si les résultats concernant la représentativité des motifs varient selon les plantes, ces résultats peuvent aussi varier selon les corpus. Ainsi, parmi les motifs présentés par Cugno & Nevaci (2015  : 50-79) 'L'aspect de la plante' (128 désignations), 'Animaux' (122 désignations) et 'La fleur' (119 désignations) apparaissent comme les plus importants. Sur un domaine linguistique beaucoup plus restreint qu'est le franco-provençal, les résultats observés par Signorini (2005) révèlent, pour 19816 désignations, que la morphologie est le motif le plus important. Cette dernière écrit :

[…], l'apparence extérieure des espèces végétales est une autre particularité physique qui joue un rôle essentiel dans le processus d'identification. Il est donc normal que l'on trouve de nombreuses désignations motivées par la morphologie de la plante. (Signorini 2005 : 147)

Les résultats observés sur la représentativité des motifs dépendent de la taille des corpus de données et des domaines linguistiques qui sont étudiés. Il est fort possible que les auteurs Cugno & Telmon (à paraître) apportent de nouvelles contributions dans leur étude sur les désignations du pissenlit dans le domaine roman européen.

5 Conclusion

[44] L'étude lexicale des désignations du pissenlit en domaine gallo-roman de France a permis de montrer une grande variété de désignations dialectales. La désignation qui est la plus utilisée est pissenlit et ses variantes. Les désignations étudiées ont été motivées par un grand nombre de motifs, qui font référence :

1.

aux vertus curatives de la plante (vertus diurétiques, vertus laxatives, qui soigne les yeux), qui constituent 72% des réponses dialectales ;

2.

aux caractéristiques physiques de la plante, qui constituent 24% des réponses dialectales (forme 10%, comestibilité 10%, substance 2%, aspect/texture 1%) ;

3.

aux usages de la vie quotidienne comme les jeux d'enfants, qui constituent 1% des réponses, et

4.

à des motifs inconnus pour 4%.

[45] Par ailleurs, les observations et résultats présentés dans cet article concernant la variété et représentativité des motifs des désignations du pissenlit sont propres à cette plante et au corpus de l'ALF. Nous avons montré que la variété des motifs et leur représentativité peuvent varier selon les plantes, les corpus de données et les domaines linguistiques étudiés. Pour Cugno & Nevaci (2015 : 50-79), les motifs les plus représentatifs des désignations du pissenlit en Europe sont 'L'aspect de la plante' (128 désignations), 'Animaux' (122 désignations) et 'La fleur' (119 désignations). Pour Signorini (2005), qui a travaillé sur un domaine linguistique plus petit, le domaine franco-provençal, et sur un corpus de données très important constitué de 19816 désignations, les motifs les plus représentatifs sont ceux de la forme et de l'aspect de la plante.

[46] Enfin, grâce à l'utilisation des outils d'annotation de Cartodialect et d'analyse spatiale de ShinyDialect, l'étude aréale de ces mêmes désignations montre la présence d'une vaste aire constituée des désignations pissenlit, pissaulit, pissencouidzo, etc. qui s'étend sur tout le domaine gallo-roman de France. Les autres aires sont beaucoup plus petites et sont géographiquement très morcelées.

Abréviations

ANR = Agence nationale de la recherche.

ECLATS = Extraction automatisée des contenus géolinguistiques d'atlas et analyse spatiale : application à la dialectologie (ANR-15-CE-380002). https://eclats.imag.fr.

SYMILA = Syntactic microvariation in the Romance languages of France. http://symila.univ-tlse2.fr.

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Signorini, Céline 2005. La motivation sémantique dans la création lexicale : les phytonymes de l'arc alpin. Thèse de doctorat, Université Grenoble-Alpes.

1 « Crémaillère, 1549, antérieur carmeilliere, XIIe siècle, au XVIIe plutôt crémaillée. Dérivé de cramail, encore tout l'Est, latin populaire cramaculus (Capitulaires de Charlemagne) autre forme de cremaculus (Gloses), altération de *cremasculus (d'où le provençal cremascle), fait sur le grec kremaster, proprement 'qui suspend' […]. » (Bloch & Wartburg 2002 [1932] : 168)

2 « Duvet, 1310. Altération inexpliquée de dumet, attesté seulement au XVe siècle (mais duma a été relevé en latin médiéval au XIIIe siècle), encore usité au XVIe siècle et aujourd'hui dans les patois de l'Ouest. Dumet dérive de l'ancien français dum, altération, d'après plume (cf. le latin médiéval duma, visiblement refait sur pluma), d'une forme dun, attestée vers 1220, de l'ancien scandinave dūnn […]. » (Bloch & Wartburg 2002 [1932] : 206)

3 Le traitement aréal, lexical et motivationnel des désignations de ces plantes est effectué dans le cadre du projet ECLATS.