ISSN: 2663-9815 |
Studia linguistica romanica 2020.4
Étude des contours prosodiques des listes ouvertes dans le corpus OFROM
Laure Anne Johnsen, Mathieu Avanzi
Université de Neuchâtel, Sorbonne Université
laure.johnsen@unine.ch, mathieu.avanzi@sorbonne-universite.fr
Reçu le 9/9/2019, accepté le 30/1/2020, publié le 5/11/2020 selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Résumé : Cet article vise à décrire les contours prosodiques d'items appartenant à des listes terminées par une particule d'extension (et cetera, tout ça, et tout) issues de la base OFROM (Corpus oral de français de Suisse romande). Dans la littérature sur la prosodie, on relève des caractéristiques diverses à propos des contours des éléments d'une énumération (forme, répétition, durée des syllabes, etc.). Cette étude de nature qualitative se propose de dégager des observations sur ces aspects, en fournissant une analyse outillée des profils mélodiques et temporels des contours réalisés sur les syllabes terminales des items appartenant aux listes récoltées. Bien qu'un contour prototypique ne puisse être associé au phénomène de liste ouverte, nos résultats montrent que certaines caractéristiques récurrentes (plateaux, allongement distinctif) s'apparentent à des procédés de stylisation à mettre au compte de stratégies pragmatiques du locuteur.
Abstract: The aim of this paper is to describe the prosodic contours of open list items followed by specific extension particles (et cetera, tout ça, or et tout) collected from the OFROM database (Corpus oral de français de Suisse romande). In the literature on prosody, various features have been identified concerning list item patterns (tone, parallelism, duration of the accented syllables). This qualitative study intends to observe these aspects by analyzing the intonation and duration features of the final list item syllables. Although the results do not reveal a prototypical list contour, they show certain recurring traits (level pitch, typical lengthening) which can be considered stylization effects pertaining to the speaker's pragmatic strategies.
Sommaire
1 Introduction
2 Descriptions antérieures de la prosodie des listes
2.1 Forme du contour
2.2 Répétition du contour
2.3 Allongement de la syllabe
2.4 Bilan
3 Données
4 Analyse
4.1 Aspects mélodiques
4.2 Aspects temporels
5 Conclusion
Abréviations
Bibliographie
[1] L'importance des structures en liste est désormais bien reconnue en français spontané (i.e. non préparé ou non lu), en particulier grâce aux travaux du GARS (Blanche-Benveniste 1990 ; Blanche-Benveniste et al. 1990), où elles sont représentées en 'grilles' disposées sur l'axe paradigmatique. Ces représentations intègrent aussi bien des séries de type additif que des bribes du discours. Il n'est pas toujours évident de distinguer entre ces deux phénomènes, notamment lorsqu'on a affaire à des reformulations ou désignations multiples d'un référent (Blanche-Benveniste 2011 ; Kahane & Pietrandrea 2012). Dans cette étude, nous laissons de côté les phénomènes relevant de bribes involontaires (amorces, piétinements), souvent envisagés comme des 'incidents de performance'. Par contre, nous intégrons toutes celles qui participent à une forme d'élaboration référentielle, à savoir celles qui manifestent l'addition de propriétés ou de référents aussi bien que celles qui expriment plusieurs désignations d'un référent (reformulations vouées à préciser, nuancer, exemplifier, etc.). Ces listes se caractérisent par des parallélismes non seulement au niveau syntaxique, mais aussi aux niveaux lexical et sémantico-pragmatique (Johnsen 2019). En ce qui concerne le niveau prosodique, leur caractérisation n'a pas fait l'objet d'études empiriques et systématiques en français.
[2] Quelques linguistes se sont néanmoins penchés sur la question et ont relevé un certain nombre de traits au niveau des contours mélodiques, de leur répétition et de leur durée, avec des résultats diversifiés que nous commencerons par présenter brièvement. L'objectif de cette contribution est de décrire qualitativement, sur la base d'un ensemble de listes dites ouvertes issues du corpus OFROM, les contours prosodiques associés aux syllabes terminales des composants lexicaux. Par listes ouvertes, nous entendons celles qui se voient prolongées par une particule d'extension du type et cetera, (et) tout ça ou et tout. Pour ce faire, les données ont été codées en vue d'une analyse outillée des contours. Les résultats que nous avons obtenus portent essentiellement sur les profils mélodiques et temporels de ces contours, à partir desquels nous avançons quelques hypothèses interprétatives.
2 Descriptions antérieures de la prosodie des listes
[3] Les travaux traitant de la prosodie des listes sont de natures diverses. Un certain nombre d'observations proviennent d'ouvrages généraux sur la prosodie de différentes langues, principalement l'anglais et l'allemand, et se fondent sur une analyse perceptive à partir d'énoncés de laboratoire, i.e. de parole lue. Quelques descriptions sont basées sur corpus, la plus approfondie à notre connaissance étant celle de Selting (2007), à partir de conversations en allemand. Pour le français, les études d'Auchlin & Simon (2004) et de Portes, Bertrand & Espesser (2007) exploitent des données attestées spontanées mais provenant d'un nombre restreint de locuteurs (respectivement un et quatre locuteurs). Les caractéristiques relevées dans la littérature se situent essentiellement au niveau de la forme des contours intonatifs des syllabes accentuées et de leur répétition sur les éléments de la liste. Certains auteurs signalent également quelques traits concernant la durée de ces syllabes, comme nous allons le voir.
2.1 Forme du contour
[4] Dans les travaux antérieurs portant sur l'allemand, l'anglais et le français, divers mouvements de F0 ont été répertoriés sur les syllabes accentuées des éléments d'une liste. Le plus fréquemment signalé est le contour montant (Essen 1964 ; Martin 1973 ; Couper-Kuhlen 1986 ; Féry 1993 ; Portes, Bertrand & Espesser 2007 ; Selting 2007 ; Laurens et al. 2009, 2011 ; Bertrand & Priego-Valverde 2017), que Di Cristo (2016) considère comme prototypique. Mais parmi ces mêmes auteurs, certains relèvent également la réalisation d'un contour descendant (Selting 2007 ; Laurens et al. 2009 ; Di Cristo 2016) en particulier sur le dernier élément d'une liste présentée comme complète (Couper-Kuhlen 1986 ; Essen 1964 ; Martin 1973 ; Bolinger 1985). On mentionne également, mais plus rarement, un contour montant-descendant (Selting 2007 ; Laurens et al. 2009 ; Di Cristo 2016) ainsi qu'un contour plat (Grabe 1998 ; Selting 2007 ; Laurens et al. 2009), parfois précédé d'un réhaussement de la prétonique chez Di Cristo (2016). Ce dernier schéma, accompagné d'un allongement (§ 2.3), correspond selon Di Cristo (2016 : 215) à un « cliché mélodique », phénomène qu'il remarque souvent dans les structures énumératives. Se référant à Fónagy, Bérard & Fónagy (1983) et Faygal (1999), il décrit les clichés mélodiques comme des « patrons stylisés » se caractérisant par un trait « chantonné ». Il faut encore ajouter que dans son corpus en allemand, Selting (2007) ne relève pas moins de sept contours pour les listes non marquées par un indice de complétude (e.g. le coordonnant et précédant le dernier item lexical ou l'annonce préalable du nombre d'éléments). En somme, étant donné les différences inhérentes aux langues étudiées d'une part, la variété des contours répertoriés d'autre part, il est difficile de dégager un consensus sur l'existence d'un contour de liste prototypique.
[5] Un autre trait prosodique, tantôt définitoire, tantôt récurrent, est régulièrement mentionné dans la littérature : celui d'un parallélisme de forme de contour sur les différents membres de la liste (sauf du dernier) (Coustenoble & Armstrong 1934 ; Bolinger 1985 ; Grabe 1998 ; Guaïtella 1999 ; Couper-Kuhlen 1986 ; Selting 2007 ; Di Cristo 2016). Cette répétition peut être produite soit à l'identique, soit par réduction. Le premier cas, la réduplication de contour de taille similaire, caractériserait les listes ouvertes et le second cas – connu sous le nom de downstep1 – les listes fermées (Selting 2007). Le phénomène de downstep a ainsi été observé par Féry (1993), Grabe (1998) et Selting (2007) à la suite de Beckmann & Pierrehumbert (1986 : 272) proposant l'énoncé « blueberries, boyberries, raspberries, mulberries and brambleberries », dont les membres sont prononcés avec un contour progressivement réduit du premier au dernier élément, autrement dit avec une baisse successive des accents mélodiques.
[6] Il faut néanmoins relever la position marginale de Laurens et al. (2009, 2011) à l'égard de cet éventuel parallélisme de contours, qui relèvent à l'inverse le caractère aléatoire des combinaisons de contours observés dans leurs listes.
[7] Enfin, certains auteurs mentionnent un allongement de la syllabe accentuée de chaque item de la liste. C'est le cas de Martin (1973) au sujet de la scansion de numéros de téléphone, dont les regroupements de chiffres constituent les différents éléments de la liste. À partir d'une reconstitution en laboratoire de conversations réelles, Laurens et al. (2009, 2011) citent l'allongement comme la caractéristique déterminante pour le repérage perceptif des listes par les annotateurs. Ils se réfèrent par ailleurs à l'étude de Portes, Bertrand & Espesser (2007) identifiant un contour de liste distinct du contour montant ordinaire, le premier s'en différenciant par une pente significativement plus douce que le second, ce contour étant perçu comme une version stylisée du contour continuatif. Laurens et al. (2009, 2011) mettent en évidence le fait que dans la formule utilisée par Portes, Bertrand & Espesser (2007), le ratio dépend crucialement de la durée du contour, confirmant à leurs yeux le rôle distinctif de l'allongement dans la reconnaissance des listes. Chez Di Cristo (2016), les clichés mélodiques dans les schémas énumératifs sont régulièrement liés à un allongement de la syllabe accentuée. Enfin, Auchlin & Simon (2004 :188) mentionnent également la durée comme l'un des paramètres généraux pouvant être affectés par la prosodie des listes, avec toutefois le constat général qu'elle peut être affectée par allongement, ou à l'inverse par réduction temporelle.
2.4 Bilan
[8] Force est de constater que dans les travaux antérieurs, la diversité aussi bien des langues observées que des données décrites (parole lue, préparée, spontanée, nombre de locuteurs, type de liste, etc.) ne permet pas de tirer des régularités probantes. Dans cette étude, notre objectif est de nous focaliser sur la description prosodique des listes i) ouvertes ii) en français spontané iii) en intégrant un nombre de locuteurs plus conséquent.
3 Données
[9] La présente étude s'inscrit dans le prolongement d'un projet de recherche sur le fonctionnement discursif des marqueurs de sous-détermination dans les listes (Johnsen 2011, 2019 : 247 sqq.), ce qui explique notre attention sur les listes suivies d'une particule d'extension. La requête dans OFROM (Avanzi, Béguelin & Diémoz 2012-2019) a consisté à rechercher les formes et tout, (et) tout ça et et c(a)etera, qui sont globalement les plus fréquentes à l'oral spontané selon les relevés des travaux antérieurs sur la question (Ferré 2011 ; Secova 2014, 2017 ; Johnsen 2019). Au moment de cette requête datant de décembre 2013, la base comportait 232536 mots, soit 28h d'enregistrement de type entretien guidé ou interaction libre impliquant 119 locuteurs de Suisse romande.
[10] À partir des résultats de la requête, nous avons vérifié manuellement la présence effective d'une liste en amont de la particule. En effet, à la différence de et cetera (voir aussi Kahane & Pietrandrea 2012) qui fonctionne par définition comme particule d'extension de liste, les formes tout ça ainsi que tout peuvent apparaître dans des positions diverses : elles peuvent occuper des positions de SN dans une position régie (j'ai mangé tout ça ; (et) tout était très bon), tout peut fonctionner comme prédéterminant d'un SN après un coordonnant (tout le monde, tout le reste), comme constituant d'une locution (tout à coup), et tout ça apparaît régulièrement en dislocation (tout ça c'était magnifique). Ensuite, nous avons sélectionné les listes comportant au moins deux items lexicaux avant la particule, à des fins de comparaison des mesures sur les syllabes accentuées. Quant au contour de la particule d'extension, susceptible de marquer simplement une fin de groupe ou de période (Selting 2007 ; Groupe de Fribourg 2012) et étant en cela non spécifique à la prosodie de la liste, nous n'avons pas jugé pertinent de l'intégrer aux résultats.
[11] Nous avons laissé de côté, pour des raisons statistiques, les listes constituées d'un seul élément lexical précédant la particule (cf. la notion de liste implicite chez Bilger 1988, de virtual list chez Selting 2007), bien que le phénomène soit fréquent (Johnsen 2011, 2019) et qu'il puisse faire l'objet d'un marquage prosodique caractéristique (Bertrand & Priego-Valverde 2017). Ce genre de liste minimalement ébauchée est illustré ci-dessous :
(1) |
bon ça a la réputation d'être un endroit assez euh glauque et tout (OFROM, unine11-aca) |
À l'inverse, parmi les listes retenues, certaines contiennent plus de deux membres. L'exemple suivant présente la liste la plus dense de notre corpus, composée de cinq items :
(2) |
c'est un long long repas à rallonge | _ | euh durant lequel on mange euh tout tout ce qui vient du cochon c'est-à-dire euh | _ | euh du boudin les atriaux euh | _ | les rösti | _ | euh le rôti le tôtché et cetera (OFROM, unine12-sta) |
Cependant, pour l'analyse acoustique, nous avons seulement retenu les données relatives aux deux derniers membres lexicaux de la liste (ici par exemple, le rôti et le tôtché), pour les mêmes raisons statistiques. Au total, nous avons ainsi sélectionné 77 occurrences de liste.
[12] Parmi celles-ci, certaines se présentent comme une série additive de constituants, en (3) des SN sur une position de complément direct, d'autres, comme une série de constructions verbales syntaxiquement indépendantes (4) :
(3) |
les hommes ils mettent du rose pâle du bleu et caetera (OFROM, unine11-yva) |
(4) |
il il chantait il jouait du trombone il jouait de la batterie et caetera (OFROM, unine08-aca) |
Ainsi, nous tenons compte des listes quel que soit leur niveau d'analyse syntaxique, qu'elles constituent un paradigme appartenant au domaine de la rection grammaticale ou un phénomène d'énumération au niveau macro-syntaxique (Groupe de Fribourg 2012).
[13] Chacune des séquences2 a été extraite avec son fichier audio et sa grille de transcription au format TextGrid. Les transcriptions ont ensuite été alignées automatiquement en phonèmes, syllabes et mots graphiques dans Praat (Boersma & Weeninck 2001-2020) avec le script EasyAlign (Goldman 2011). Les alignements ont été corrigés manuellement, quand cela était nécessaire, par l'un des auteurs. Les frontières de chacune des syllabes terminales des membres de la liste, désormais M1 (la syllabe terminale de l'avant-dernier item lexical constituant la liste), M2 (la syllabe terminale du dernier item lexical, i.e. celui précédant la particule d'extension) et M3 (la syllabe terminale de la particule), ont été consignées dans une tire de codage spécifique. Étant donné que le contour de M3 pouvait signaler une fin de groupe ou de période (cf. supra), seuls les contours des syllabes M1 et M2 ont été codées manuellement par l'un des auteurs, sur la base d'un examen auditif et visuel des tracés mélodiques, et des valeurs de F0 calculées en demi-tons et extraites automatiquement au début, au milieu et à la fin des noyaux vocaliques des syllabes en question.
[14] Dans nos transcriptions, qui suivent les conventions du modèle F-ToBI (Delais-Roussarie et al. 2015), le symbole L signale un ton bas, le symbole H un ton haut, le * qu'il s'agit d'un accent lexical et l'usage du % qu'il s'agit d'un ton de frontière prosodique majeure.
4 Analyse
[15] Dans le cadre de cette étude, nous nous concentrons sur les contours prosodiques ponctuant les deux derniers membres lexicaux constitutifs des listes retenues (les contours des syllabes M1 et M2). Notre objectif est double : il s'agit d'une part de voir s'il existe des régularités de la forme des contours dans l'actualisation les segments des listes3, d'autre part de juger si ces contours présentent des parallélismes. L'analyse porte sur la description mélodique de ces contours (§ 4.1) et sur leurs corrélats temporels (§ 4.2).
[16] Nous avons relevé trois types de contours dans notre corpus4 :
a) |
Un contour plat et haut, que nous transcrivons H*H% : |
Figure 1 : Tracé mélodique stylisé de l'énoncé en plus de l'accent}M1 | _ | des paysages}M2 [euh tout ça quoi]}M3 (OFROM, unine08-yba)
b) |
Un contour montant, où l'on observe un mouvement d'au moins 2 dt sur le noyau vocalique de la syllabe finale du membre de la liste, que nous transcrivons LH*H% : |
Figure 2 : Tracé mélodique stylisé de l'énoncé ils ont de l'énergie}M1 ils ont des idées}M2 tout ça}M3 ce qui est bien (OFROM,
unine11-eza)
c) |
Un contour plat et haut, avec montée effectuée sur la syllabe pénultième du membre de l'énumération, que nous transcrivons H+H*H%5 : |
Figure 3 : Tracé mélodique stylisé de l'énoncé [des idées qui] me passaient par la tête}M1 euh | _ | enfin comment je me sentais}M2 tout ça}M3 (OFROM, unine09-bfa)
[17] Pour rappel (§ 2.1), la majorité des travaux antérieurs mentionnent prioritairement la présence du contour montant dans les listes. Or, comme on peut le voir dans le tableau 1 ci-dessous, le contour plat H*H% est de loin le plus fréquent dans nos données, suivi du contour montant LH*H% et du contour avec montée sur la pénultième H+H*H% :
M1 |
M2 |
|||
Nb. occ. |
% |
Nb. occ. |
% |
|
H*H% |
53 |
68,83 |
62 |
80,52 |
LH*H% |
17 |
22,08 |
8 |
10,39 |
H+H*H% |
7 |
9,09 |
7 |
9,09 |
Total |
77 |
100,00 |
77 |
100,00 |
Tableau 1 : Distribution des contours sur M1 et sur M2
Le tableau 2 donne un aperçu des combinaisons relevées :
M1 |
M2 |
Nb. occ. |
% |
LH*H% |
LH*H% |
5 |
6,49 |
LH*H% |
H*H% |
12 |
20,78 |
H+H*H% |
H+H*H% |
4 |
5,19 |
H+H*H% |
H*H% |
3 |
3,90 |
H*H% |
LH*H% |
3 |
3,90 |
H*H% |
H+ H*H% |
3 |
3,90 |
H*H% |
H*H% |
47 |
61,04 |
Total |
77 |
100,00 |
Tableau 2 : Combinaisons de contours observées
Les combinaisons observées montrent que la répétition d'un même contour n'est pas systématique, bien que la réduplication du contour H*H% se manifeste dans la majorité des listes.
[18] Nous nous sommes demandé si certains paramètres prosodiques pouvaient influencer la forme du contour, comme la longueur des membres ou le tempo (vitesse d'articulation, calculée comme la durée syllabique moyenne de l'énoncé, temps de pause exclu). Des tests d'analyse de la variance (ANOVA) indiquent que la présence de l'un ou de l'autre contour n'est pas influencée par le nombre de syllabes que contient le membre, que ce soit pour M1 (F= (4, 78), 1.473, n.s.) ou pour M2 (F= (4, 78), 1.637, n.s.). La présence d'un contour ou d'un autre n'est pas non plus influencée par le nombre de syllabes constitutives de la liste, que ce soit pour M1 (F= (2, 74), 0.308, n.s.), pour M2 (F= (2, 74), 60.102, n.s.) ou l'interaction entre M1 et M2 (F= (2, 74), 12.156, n.s.). En d'autres termes, la longueur des membres de la liste n'a pas d'influence sur le choix du contour. La forme du contour n'est pas non plus influencée par la vitesse d'articulation de l'énoncé de la liste, que ce soit pour M1 (F= (2, 76), 0.969, n.s.), M2 (F= (2, 76), 0.409, n.s.) ou leur interaction (F= (2, 76), 0.798, n.s.). Autrement dit, le choix du contour est le même que le locuteur articule vite ou lentement.
[19] Les deux premiers contours répertoriés (H*H et LH*) peuvent être regardés comme des variantes réalisationnelles du contour dit continuatif /H*/. Cela n'a rien de surprenant, car on sait que les contours continuatifs mineurs par exemple peuvent être réalisés comme des contours hauts et plats ou comme des contours montants6. Quant au contour avec une montée de F0 anticipée sur la pénultième (contour H+H*H)7, elle s'apparente à celle relevée par Di Cristo (2016) comme relevant d'un cliché mélodique. Au niveau sémantique, ce contour est décrit chez Marandin (2006) comme fréquent dans les requêtes, marquant une attitude épistémique du locuteur, indiquant qu'il est prêt à réviser la vérité ou la pertinence de son propos (contrairement au contour continuatif montant). Cette dimension épistémique nous semble pertinente dans les contextes de liste, où le pic sur la pénultième pourrait indiquer que les items représentent des alternatives, des exemples possibles d'un plus grand ensemble aux limites incertaines, plutôt que des éléments établis d'un ensemble déterminé. À ce titre, le fonctionnement discursif des particules d'extension pris en compte, en particulier et tout et tout ça en tant que marqueurs d'approximation (Johnsen 2019), soutiennent cette interprétation.
[20] Mais une tout autre hypothèse concernant ce contour H+H*H peut être suggérée, liée à l'origine des locuteurs : celle d'une « marque d'identification régionale » du français de Suisse romande (Avanzi et al. 2012 : 93). En effet, cette montée caractéristique a régulièrement été signalée dans la littérature sur la variété romande (Métral 1977 : 146 ; Mahmoudian & Jolivet 1984 ; Knecht & Rubattel 1984 : 142 ; Andreassen, Maître & Racine 2010 : 225). Les résultats de cette étude ne permettent toutefois pas de trancher entre l'hypothèse d'une valeur épistémique (Marandin 2006) ou celle d'une marque prosodique purement régionale sans fonction sur le plan de la communication (Avanzi et al. 2012). Cette question nécessiterait un examen plus approfondi à partir de données supplémentaires de francophones de l'Hexagone.
[21] L'observation des contours met en évidence un autre aspect intéressant, à savoir la récurrence des contours plats (H*H et H+H*H). Ladd (1978 : 524) identifie ce level pitch, i.e. le fait de tenir la note sur la même syllabe sans glissando, comme une propriété des contours stylisés ou clichés mélodiques, intervenant typiquement dans des situations stéréotypées (e.g. interaction employé-client, les excuses d'un quidam traversant une foule, etc.). Ladd (1978) considère ces clichés mélodiques comme une simplification des contours ordinaires et propose de considérer ce phénomène comme le pendant prosodique de la relation entre expressions figées et non figées. Marandin (2006 : 15) observe cependant que le procédé de stylisation va au-delà des contextes stéréotypés. Il propose ainsi une interprétation plus générale de l'effet pragmatique des contours stylisés, à savoir un effet de mention : « stylization adds a mentioning effect which can be described as quoting a contour ». En d'autres termes, le locuteur se mimerait ouvertement en tant que locuteur du contour de base, ce comportement étant susceptible de produire divers rendements pragmatiques comme l'humour ou l'ironie8.
[22] C'est par ailleurs l'hypothèse que font Portes, Bertrand & Espesser (2007) (voir supra) à propos du contour montant de liste (rising list contour) caractérisé comme la réalisation stylisée du contour continuatif, signalant mimétiquement la projection d'une suite. Il conviendrait donc d'élargir, voire d'adapter cette hypothèse aux contours plats présentant un level pitch caractéristique d'un effet de stylisation et ainsi préciser l'interprétation méta-énonciative de ce comportement du locuteur.
[23] En bref, il n'est pas possible de dégager de nos résultats un contour distinctif et prototypique de liste. Les aspects mélodiques montrent cependant que la liste apparaît comme un lieu particulièrement favorable au phénomène de stylisation. En outre, nous allons voir que les aspects temporels corroborent cette hypothèse, l'allongement étant un facteur accentuant le degré de stylisation (Ladd 1978 : 530).
[24] Pour analyser les aspects temporels, relatifs à l'allongement des syllabes finales de M1 et de M2, nous avons mesuré la durée en ms des syllabes M1 et M2, et la durée syllabique moyenne de l'énoncé de liste entier. Nous avons ensuite soustrait, pour chaque énoncé, la durée syllabique moyenne de l'énoncé à M1 et M2. Ceci nous a permis de mesurer précisément la durée de l'allongement de M1 et de M2 par rapport à la durée syllabique moyenne de l'énoncé. Le graphique ci-dessous permet de voir qu'en moyenne, M1 et M2 sont logiquement (car accentuées) significativement plus longs que la durée syllabique moyenne des énoncés. D'autre part, M1 est en moyenne plus long que M2 et cette différence est elle aussi significative (t(76)=2.806, p < 0.01) :
Figure 4 : Durée syllabique moyenne des énoncés de liste, de M1 (syllabe finale du membre 1) et de M2 (syllabe finale du membre 2)
[25] On observe que M1 est en moyenne deux fois plus long que la durée syllabique moyenne, élément remarquable sachant qu'une syllabe accentuée 'ordinaire' est en principe 1,5 fois plus longue que les autres (Lacheret-Dujour & Beaugendre 1999). Quant à M2, elle se rapproche davantage de la longueur normale d'une syllabe accentuée.
[26] Nous avons ensuite calculé le ratio de durée de M2 par rapport à M1, permettant d'évaluer l'allongement de M1 par rapport à M2, une valeur de 1 signifiant que les deux syllabes ont une durée équivalente (M1=M2), une valeur inférieure à 1 que M2 est plus long que M1 (M1<M2), une valeur supérieure à 1 l'inverse (M1>M2). Si l'on considère, arbitrairement, qu'en deçà de 25% et qu'au-delà de 25% la différence de durée entre les deux syllabes n'est pas perceptible, on obtient la distribution suivante :
Nb. occ. |
% |
|
M1<M2 |
13 |
16,88 |
M1=M2 |
28 |
36,36 |
M1>M2 |
36 |
46,75 |
Total |
77 |
100,00 |
Tableau 3 : Combinaisons des membres M1 et M2 selon leur allongement final relatif.
Cette distribution montre que dans la majorité des listes relevées, M1 est plus long ou égal à M2.
[27] L'allongement remarquable de M1 par rapport à M2 et la durée syllabique moyenne s'expliquent souvent par une stratégie de projection de la liste sur le premier membre réalisé (Auchlin & Simon 2004). La figure 5 en fournit un exemple :
Figure 5 : Tracé mélodique stylisé de l'énoncé interprétation}M1 répertoire}M2 et cetera}M3 (OFROM, unine12-spa)
Cet allongement crée un effet d'annonce de la liste : il montre que le locuteur s'engage dans une telle routine, avant même que les autres membres ne complètent effectivement le paradigme. Cela est par ailleurs tout à fait compatible avec l'effet de mention du procédé de stylisation, le locuteur mimant cette projection. Il faut cependant tenir compte du fait que dans nos données, M1 n'est pas systématiquement le premier membre effectif de la liste (la liste pouvant contenir d'autres éléments en amont de ceux retenus pour les mesures), ce qui est le cas de 10 des 36 listes de cette catégorie M1>M2.
[28] L'allongement de M1 ne reflète pas toujours une stratégie d'annonce, mais parfois un phénomène une recherche lexicale après la production de l'item, comme l'illustre la figure 6 ci-dessous :
Figure 6 : Tracé mélodique de l'énoncé quand on voulait}M1 euh | _ | quand ça nous plaisait}M2 et tout}M3 (OFROM, unine11-eca)
En effet, au moment où le locuteur produit l'item de la liste et qu'il s'attarde sur la syllabe finale, il peut se trouver en plein tâtonnement sur la suite à donner à sa liste, comme en témoigne la marque d'hésitation euh soudée à l'item.
[29] Enfin, un élément qui peut contribuer à expliquer la durée généralement plus courte de M2 est le fait que la particule et cetera, (et) tout (ça) soit régulièrement accolée à M2, contrairement à la transition des éléments lexicaux de la liste impliquant parfois des pauses évidentes comme dans la figure 6. La particule d'extension ainsi jouxtée à M2 est donc peu encline à faire de celui-ci un candidat à un allongement potentiel9.
[30] Les cas de durée comparable entre M1 et M2, quant à eux, peuvent être mis au compte d'un principe de parallélisme caractéristique des listes qu'on relève également à d'autres niveaux d'analyse (ici sémantique et syntaxique) :
Figure 7 : Tracé mélodique stylisé de l'énoncé tout ce qui était multimédia}M1 design}M2 | _ | [et tout]}M3 (OFROM, unine12-cba)
Dans ces situations de durée comparable, l'allongement marqué peut également constituer l'un des paramètres d'un procédé de stylisation, comme ici où la durée de chacune des syllabes accentuées (M1 et M2) est deux fois plus longue que la durée syllabique moyenne de l'énoncé de liste. Ce schéma peut s'apparenter à l'un des clichés mélodiques relevés par Di Cristo (2016).
[31] Enfin, parmi les 13 cas où M2 est ostensiblement plus long que M1, il faut signaler 5 cas où M1 ne représente pas le premier membre effectif de la liste, mais un membre intermédiaire, comme l'illustre l'exemple (5) ci-dessous, où la mesure de M1 a été extraite sur la syllabe de l'item interne tomates :
(5) |
ils avaient euh vraiment tourniqué le truc | _ | après avec euh des légumes euh des carottes | du de la salade des tomates des oignons enfin tout ça quoi (OFROM, unine12-gma) |
On pourrait se demander à cet égard si les éléments intermédiaires d'une liste ne nécessitent pas un marquage moindre qu'une position initiale ou finale, mais cette hypothèse reste à vérifier à partir d'un corpus plus conséquent de listes comportant plus de deux items lexicaux.
[32] Les diverses combinaisons de durée mettent en évidence des comportements discursifs variés de la part des locuteurs : l'annonce d'une routine de liste dès la réalisation du premier item (M1>M2), l'expression d'un parallélisme entre les membres de la liste (M1=M2), la recherche lexicale d'autres membres de la liste (M1>M2 ou M1<M2). Aussi bien les cas de projection que les cas de parallélisme qui manifestent un allongement marqué de la syllabe accentuée sont compatibles avec l'effet de stylisation, en particulier lorsqu'ils s'associent à des phénomènes mélodiques de plateaux.
[33] L'objectif de cet article était d'analyser, à la lumière d'une collection d'exemples attestés, les contours prosodiques des membres des structures de listes ouvertes en français parlé spontané. Après avoir relevé des descriptions très diverses dans les travaux en prosodie sur la question, notamment dues aux différences de langues étudiées, aux types de listes retenues et de données examinées, nous avons explicité les critères qui nous ont permis de sélectionner une septantaine de listes dites ouvertes du corpus OFROM. Sur la base de l'analyse des aspects mélodiques et temporels des contours des éléments lexicaux des listes, nous avons pu dégager deux variantes réalisationnelles du contour continuatif /H*/, à savoir un contour plat et haut (H*H), le plus fréquent, résultat qui se distingue de ceux des travaux antérieurs, et un contour montant (LH*). Un troisième contour a été répertorié, à savoir le contour plat et haut avec une montée sur la syllabe pénultième (H+H*H). Pour expliquer la présence de ce dernier, nous avons évoqué deux pistes : l'hypothèse d'une marque d'identification régionale des locuteurs suisses-romands ou alors, l'expression d'une attitude épistémique du locuteur par rapport à son élaboration de la liste. Ces pistes restent à explorer, notamment en intégrant des données de locuteurs de l'Hexagone et en étudiant la perception des locuteurs sur ces différents contours.
[34] L'observation des combinaisons de contours au sein des listes examinées n'a pas révélé de répétition systématique de l'une ou l'autre variante, bien que la réduplication H*H soit fréquente. Un aspect intéressant des patrons se situe au niveau de la réalisation privilégiée de montées mélodiques sans glissando via des contours hauts et plats, typiques des contours stylisés (Ladd 1978 ; Marandin 2006). L'hypothèse d'un procédé de stylisation se voit également appuyée par les résultats au niveau de la durée de syllabes cibles, en particulier sur les syllabes accentuées des items non finaux, qui présentent un allongement distinctif (environ deux fois la durée syllabique moyenne). Cet allongement peut tantôt être mis au compte de l'effet de stylisation (projection d'une liste ou confirmation de l'activité de liste), tantôt au niveau d'une recherche lexicale en cours. Du travail reste à faire pour modéliser les autres aspects prosodiques qui caractérisent les listes en français parlé, notamment les aspects épinglés par Auchlin & Simon (2004) (scansion rythmique, attaques hautes et syllabes initiales proéminentes).
[35] Enfin, il importe de relever que si des traits prosodiques peuvent contribuer à la reconnaissance d'une liste, comme en témoignent les caractérisations proposées dans les travaux antérieurs, aucun de ces traits n'apparaît définitoire. De la même manière, les autres niveaux de manifestation d'une liste peuvent être plus ou moins marqués (parallélismes lexico-syntaxiques, isotopie sémantique, etc.) et peuvent agir de manière compensatoire.
ANOVA = Analysis of variance
dt = Demi-ton
F-ToBI = Tones and break indices for French
F0 = Fréquence fondamentale
GARS = Groupe aixois de recherche en syntaxe
H = Ton haut
L = Ton bas
M1 = Syllabe terminale de l'avant-dernier item lexical constituant la liste
M2 = Syllabe terminale du dernier item lexical
M3 = Syllabe terminale de la particule
SAMPA = Speech assessment methods phonetic alphabet
* = Accent lexical
% = Ton de frontière prosodique majeure
+ = Trailing tone
| _ | = Pause
} = Frontière finale d'un item de la liste
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1 Selting (2007 : 486) donne la définition suivante : « 'Downstep' here, as in most of recent intonology, denotes that successive pitch peaks in an intonation unit are produced on successively lower pitch height, i.e. on a descending line ». Di Cristo (2016 : 219) l'explique comme un « abaissement itératif des proéminences H ».
2 L'étude des configurations entre les groupes prosodiques que les proéminences de différents rangs délimitent (patrons de regroupement et patrons de rupture) doit être réalisée sur des empans temporels relativement courts. Aussi, nous sommes-nous limités au contexte immédiat de la liste, et en nous concentrant, pour identifier les bornes droite et gauche des séquences à extraire, sur les indices de pause et de frontières prosodiques majeures perçues à la volée. Si bien que les suites constituant les collections d'exemples analysées n'ont pas le statut d'unités linguistiques établies. Elles constituent des segments discursifs dans leur contexte de production immédiat (cf. Avanzi 2012).
3 Par contours, nous entendons les segments de courbes mélodiques et temporelles codifiées portées par la dernière syllabe d'un groupe intonatif, et éventuellement celles qui précèdent immédiatement.
4 Pour faciliter la lecture, les tracés des courbes mélodiques ont été obtenus à l'aide du script Prosogramme (Mertens 2004). Dans les tracés de Prosogramme, sur la bordure gauche de la figure est donnée l'échelle de fréquence en demi-tons (qui prend comme référence la valeur de 1 Hz). Le trait noir épais représente la f0 stylisée, le trait plus fin qu'elle recouvre est la f0 brute (les lignes en pointillé à l'horizontale sont éloignées de 2 dt chacune). Au-dessus, les ondulations représentent l'intensité, les parties encadrées sur la bordure inférieure. Les trois couches de segmentations issues de l'alignement automatique sont transcrites en alphabet SAMPA pour les deux premières (phonèmes et syllabes), en alphabet standard pour la dernière. La durée des segments étiquetés peut être récupérée grâce aux gradations de la bordure supérieure (un intervalle = 10 ms).
5 Le signe + signale un trailing tone, i.e. un ton qui s'associe au précédent, le tout constituant un seul contour.
6 Cf. Delattre (1965) ; Portes, Bertrand & Espesser (2007) ; Delais-Roussarie et al. (2015).
7 Ce contour doit être distingué du contour d'implication de Delattre (1965), chez qui le mouvement pic mélodique intervient sur la dernière syllabe. Pour une mise au point sur le contour d'implication, voir la thèse de Portes (2004).
8 Ce genre d'effet accompagne par exemple la version stylisée du contour avec pic sur la pénultième, que Marandin (2006 : 16) appelle « nananère contour » cher aux enfants dans des contextes ludiques.
9 Suite à la remarque de l'un des relecteurs, nous reconnaissons qu'il serait possible dans ce cas de réinterpréter la frontière prosodique comme mineure après M2, étant donné que la syllabe est moins marquée (ici du point de vue de la longueur).