DOI: https://doi.org/10.25364/19.2020.4.4

ISSN: 2663-9815

Studia linguistica romanica 2020.4

Unités grammaticales et particule discursive quoi

François Delafontaine

Université d'Orléans

francois_delafontaine@outlook.com

Reçu le 8/9/2019, accepté le 10/1/2020, publié le 5/11/2020 selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)

Résumé : Dans le cadre de la segmentation de corpus oraux en unités de multiples niveaux (projet SegCor) nous nous intéressons aux indices de segmentation, notamment à la particule quoi. Nous voulons revenir sur une conclusion du travail de Chanet (2001) qui observe que quoi particule apparaît à l'intérieur d'unités syntaxiques. À la suite d'autres auteurs (Teston-Bonnard 2006 ; Hölker 2010 ; Lefeuvre 2011), nous argumenterons en faveur d'un quoi purement particule en fin d'unité et chercherons à cerner le ou les types d'unités après lesquelles cette particule serait réalisable. Nous nous appuierons pour cela sur les données du corpus OFROM, corpus de français parlé de Suisse Romande, et nous nous concentrerons sur le niveau macro-syntaxique en utilisant les unités linguistiques définies par l'approche fribourgeoise.

Abstract: Within the framework of oral corpus segmentation into units at multiple levels (SegCor project), we focus on segmentation hints on the macro-syntactic level, notably on the particle quoi. With this contribution, we seek to discuss a conclusion of Chanet (2001), who observes that the French particle quoi appears within syntactical units. Following other authors (Teston-Bonnard 2006; Hölker 2010; Lefeuvre 2011), we argue in favor of a particle quoi placed at the end of units and seek to determine the type(s) of units after which that particle could be placed. The data used for this study is the OFROM corpus, more specifically the corpus of French as spoken in Suisse Romande. The macro-syntactic units of analysis considered here are the ones defined by the Fribourg approach.

Sommaire
1 Exploiter les particules pour la segmentation
1.1 Le projet SegCor
1.2 La macro-syntaxe fribourgeoise
1.3 Les marqueurs discursifs
2 Le quoi particule
2.1 Premiers travaux
2.2 Un quoi particule interne
2.3 Un quoi particule finale
3 Les occurrences de quoi dans OFROM
3.1 Détail des occurrences
3.2 Analyse prosodique
3.3 Quoi en fin d'énonciation
4 Conclusion
Abréviations
Bibliographie

1 Exploiter les particules pour la segmentation

[1] Le présent travail s'inscrit dans le cadre du projet SegCor, que nous allons introduire ci-après (§ 1.1) et au sein de ce projet dans le cadre de l'annotation macro-syntaxique de l'approche fribourgeoise (§ 1.2). Cette annotation s'est confrontée au problème des marqueurs discursifs (§ 1.3) que nous cherchons ici à résoudre. Une fois ce problème posé, nous ferons l'état des travaux antérieurs (§ 2.1-2.3), puis nous présenterons nos données et les analyses qui en résultent (§ 3.1-3.3).

1.1 Le projet SegCor

[2] Le projet ANR-DFG SegCor (Rossi-Gensane et al. 2020) vise à fournir protocoles, outils et corpus annotés pour la segmentation de corpus oraux français et allemands à de multiples niveaux. Pour les niveaux d'annotation traités par le projet, le tableau 1 liste, pour chaque colonne, le nom des laboratoires impliqués et les différents niveaux traités par ces laboratoires :

LLL (Orléans), ICAR (Lyon)

IDS (Mannheim)

Prosodie

Pauses

Chunking

Champs topologiques
/constructions

Micro-syntaxe

Macro-syntaxe (aixoise, fribourgeoise)

Unités illocutoires

Interaction

Tableau 1 : Annotations du projet SegCor

Le projet a exploité un corpus de 200 minutes d'enregistrement dont la moitié, allemande, provient de la base de données FOLK, tandis que l'autre moitié, française, provient à parts égales des bases de données CLAPI et ESLO1. Seule la partie francophone a été exploitée pour ce travail. Les enregistrements disposent de transcriptions alignées au son, exploitées dans SegCor avec le logiciel Praat (Boersma & Weenink 2001-2020) et couvrant un grand nombre de situations : conversation téléphonique (PC, Phone call), préparation de repas (PM, Preparing meal), interaction commerciale (SE, Service encounter), réunion (SM, Social meeting), discussion de table (TT, Table talk), conférence (Conf), entretien (Ent), lecture (LE, Livre Enfant), débat radiophonique (Media) et table ronde (TR). Le tableau ci-dessous donne pour chaque situation le nombre de mots (tokens) et la durée en secondes.

Nom

PC

PM

SE

SM

TT

Conf

Ent

LE

Med.

TR

Total

Mots

2104

986

2139

986

2283

3873

2356

1631

2334

2202

20894

Dur.

577

658

540

605

618

1230

681

569

602

682

6762

Tableau 2 : Détail du corpus SegCor, partie française, en durée et nombre de mots

Ce corpus a été annoté suivant tous les niveaux d'annotation relevés dans le tableau 1, dont celui de la macro-syntaxe fribourgeoise. C'est sur ce niveau que nous allons nous concentrer, bien que la problématique des marqueurs discursifs (§ 1.3) puisse être appliquée aux autres niveaux (Rossi-Gensane et al. 2020).

1.2 La macro-syntaxe fribourgeoise

[3] La macro-syntaxe est une partie de la syntaxe s'intéressant à un niveau d'analyse où la combinatoire de la syntaxe classique (désormais micro-syntaxe) devient inopérante. À côté d'approches cherchant à maintenir une seule combinatoire (Lehmann 1988 ; Raible 2001 ; Smeassaert et al. 2005) se développe une syntaxe à deux niveaux, la micro-syntaxe et la macro-syntaxe, notamment au travers de l'approche aixoise (Blanche-Benveniste et al. 1984, 1990) et de l'approche fribourgeoise (Groupe de Fribourg 2012). Ces approches remettent en question l'unité syntaxique maximale, la phrase (Berrendonner 2017).

[4] L'approche fribourgeoise se fonde sur les articulations de Martinet (1960) pour proposer une troisième articulation du langage correspondant à la macro-syntaxe et nommée pragma-syntaxe (Groupe de Fribourg 2012 : 38). À une unité maximale de la micro-syntaxe (ou morpho-syntaxe dans cette approche), nommée clause, correspondrait une unité minimale de la pragma-syntaxe, l'énonciation, selon le même principe séparant le phonème du morphème (Berrendonner & Béguelin 1989).

[5] La clause est définie comme l'unité au-delà de laquelle il n'y a plus de rapport de rection au sens de Hjelmslev (1968 : 42) : un rapport d'implication uni- ou bilatérale entre deux éléments X et Y. Cela couvre la dépendance catégorielle, la sélection, l'accord et le liage (Groupe de Fribourg 2012 : 44). L'énonciation est définie comme l'unité à partir de laquelle un savoir partagé du discours, la mémoire discursive, est actualisé (Berrendonner 1990 : 97) : chaque énonciation correspond à une opération sur la mémoire et en change l'état.

(1)

a) [Mx] bon ben j'y vais parce que j'ai chaud moi
b) [           Mx+1           ] parce que j'ai chaud moi
c) [                            Mx+2                           ] moi
(SegCor, Table talk, secondes 81- 84)

En (1), la mémoire discursive (M) est incrémentée de x à x+n à mesure que sont actualisées des énonciations telle que parce que j'ai chaud. Chaque énonciation est la production d'une clause, sa réalisation en contexte avec contour prosodique et prise en charge. L'exemple (1) illustre aussi, avec parce que j'ai chaud, la difficulté à déterminer s'il y a ou non énonciation2, d'où le recours à une autre unité.

En pratique, identifier les énonciations se ramène alors à une tâche de segmentation de chaînes : on doit être capable de délimiter dans un continuum textuel chacune des clauses successivement actualisées. (Groupe de Fribourg 2012 : 43)

Nous parlerons de clause-énonciation pour désigner l'unité résultante de l'annotation, c'est-à-dire une unité établie soit suivant le critère de délimitation des clauses, la rection, soit suivant le critère de l'énonciation, l'actualisation.

1.3 Les marqueurs discursifs

[6] L'exemple (1) inclut des marqueurs discursifs avec bon, ben et parce que. La définition du marqueur discursif est problématique (Fernandez-Vest 1994 ; Fraser 1999 ; Chanet 2004 ; Fischer 2006 ; Dostie & Pusch 2007) : nous utiliserons pour ce travail et dans le cadre de la macro-syntaxe fribourgeoise une définition de travail adaptée de celle de Chanet (2001 : 58). Pour être un marqueur discursif, une unité doit être (a) non-autonome et (b) non-régie. L'autonomie signifie que l'unité peut constituer un tour de parole complet, ce qui signifie que toute unité autonome est une énonciation. Notre définition signifie donc que le marqueur discursif ne doit en théorie être ni une énonciation ni la partie d'une clause. Une telle définition implique de considérer un vaste ensemble d'éléments incluant des structures verbales, de type tu sais ou je pense, des adverbes d'énonciation tels honnêtement, franchement, etc.3.

[7] Nous pouvons distinguer plus avant deux types de marqueurs : (1) les particules, de type ben, hein, quoi quand elles ne sont pas autonomes ; (2) les connecteurs, de type parce que, mais quand ils opèrent hors de la rection, par exemple le parce que connectant deux clauses autonomes. En somme, un marqueur discursif est une chaîne discursive problématique à l'annotation, posant problème au niveau de la rection comme de l'actualisation.

[8] Dans le cas du marqueur discursif quoi, que nous classons parmi les particules, les questions portant sur l'annotation sont secondaires ; nous nous intéresserons ici surtout à l'exploitation éventuelle de cette particule pour repérer les frontières de clause-énonciation. Notre question est : peut-on repérer les frontières d'unités à l'aide des marqueurs discursifs ? Nous analyserons le quoi particule dans ce but.

[9] Nous citerons nos exemples à l'aide du nom de l'auteur et de la date pour ceux tirés de la littérature, du corpus et du nom de la transcription pour ceux extraits de nos corpus. L'exemple (1) est tiré du corpus SegCor, transcription Table talk, entre les secondes 81 et 84. Pour les exemples tirés du corpus OFROM (§ 3.1) nous ne citerons pas le nom du corpus.

2 Le quoi particule

[10] L'état de l'art sur le quoi particule est relativement abondant. Nous laissons de côté l'étude des autres emplois de quoi , proforme ou en locution (Lefeuvre 2007), pour nous concentrer sur les travaux portant sur le quoi marqueur discursif, sur son repérage et sur les questions qu'il soulève. La présentation de ces travaux se fera en trois parties organisées autour du travail de Chanet (2001) avec, à terme, trois points qui se dégageront nettement : (a) le quoi particule apparaît en milieu d'unité syntaxique ; (b) la volonté demeure d'en faire un marqueur de fin d'unité ; (c) la particule a un contour intonatif particulier.

2.1 Premiers travaux

[11] Si des travaux antérieurs existent, l'ouvrage de Gülich (1970) est parmi les premiers à introduire, outre le terme de macro-syntaxe, les marqueurs discursifs (Gliederungssignale) comme une classe à part. Gülich parle de Eröffnungssignale 'signaux d'ouverture' et de Schlusssignale 'signaux de fermeture' et classe quoi dans cette seconde catégorie, comme signalant la fin d'une unité phrastique. Elle relève déjà des cas où quoi se trouve en milieu de phrase :

(2)

Tu sais, c'est le genre des curés actuels, quoi, très à la page ! (Gülich 1970 : 211)

(3)

Je dois t'avertir que le « barrio chino », le quartier chinois, quoi, est plein d'indicateurs (Hölker 1988 : 42)

Reconduisant une analyse du même ordre, Hölker (1988) distingue deux cas de quoi particule : un cas conclusif classique et un cas de Korrektur 'correctif' correspondant à un Unterbrechungssignal 'signal d'interruption' (Gülich 1970 : 164 ; Hansen 1998), où le signal sert à gérer une interruption au sein de la phrase. Gülich (1970 : 212) maintient un signal de fermeture et parle dans ce cas de fin potentielle de la phrase :

In diesen Fällen steht quoi an einem möglichen Satzschluss: der Sprecher fügt noch eine ergänzende Information hinzu, nachdem er bereits ein Schlusssignal gesetzt hat.
'Dans de tels cas, quoi se trouve en fin de phrase potentielle : le locuteur ajoute une information complémentaire après avoir placé un signal de fermeture' (notre traduction)

Autrement dit, la particule signale bien la fin d'une unité, mais cette unité ne correspond pas à la phrase.

[12] Outre la prise en compte de quoi particule en position interne, les travaux de cette époque s'intéressaient déjà à sa prosodie. Andrews (1989), qui parle d'un utterance terminator 'terminateur de phrase', observe le contour prosodique sur quoi particule et note qu'il diffère des autres emplois et correspond, dans la nomenclature de Delattre (1966), à une implication suivie d'une parenthèse basse. Nous verrons plus loin (§ 3.2) la réalisation de ce contour.

2.2 Un quoi particule interne

[13] La tradition va traiter une sous-partie des marqueurs discursifs comme des ponctuants (Vincent & Sankoff 1992 ; Vincent 1993 ; Hansen 1998), des éléments sémantiquement vides et interchangeables. La macro-syntaxe fribourgeoise aborde le quoi particule sous cet angle, interchangeable avec , osti4, mec en fin d'unité maximale de la pragma-syntaxe (Groupe de Fribourg 2012 : 32). Une idée reçue va en dériver, généralisant les ponctuants à l'ensemble des marqueurs discursifs : c'est à cette idée reçue et à d'autres que Chanet (2001) va explicitement s'opposer5.

[14] Son travail, s'il n'est pas le premier, fournit une analyse sur corpus complétée en 2004 pour totaliser 1,5 million de mots et près de 4000 occurrences de quoi. Nous en donnerons un tableau récapitulatif plus loin (§ 3.1). Grâce à ces données, Chanet (2001) reprend et détaille le constat qui avait été fait avant elle de quoi particule en milieu d'unité syntaxique. Elle relève notamment les contextes syntaxiques dans lesquels ces occurrences se produisent (selon leur cotexte gauche) :

(a)

Avec une dislocation à gauche du sujet (4)

(b)

Entre un verbe et son constituant (ambigu (5) ou valenciel (10-11))

(c)

En fin de premier élément de structures il y a un N qui, c'est […] qui et plus […] que (6-7)

(d)

Dans une locution prépositionnelle (8)

(e)

Dans un SN complexe (9)

Par constituant ambigu, il faut comprendre un constituant dont la rection peut être remise en cause ; le constituant valenciel, pour sa part, inclut le sujet, auquel cas le sujet constitue le cotexte gauche.

(4)

puis bon puis les autres aussi quoi ils se sont quand même euh

(5)

tu peux tu peux l'enlever quoi + facilement parce que […]

(6)

il y a toujours une une espe- une certaine marge quoi que qu'on a du mal à franchir

(7)

t'es en plus grand danger quoi tu vois que si tu es à une posologie supérieure

(8)

je peux faire une plaque et puis le mettre à côté posée à côté quoi de la grande colonne des gâteaux […]

(9)

parce qu'on on revendiquait nos notre peur quoi du chômage et […]

(10)

enfin je veux dire euh le l- le langage quoi tient une […]

(11)

si tu veux d'un côté je préfère quoi euh ne pas avoir d'encadrement tout ça

Tous les exemples sont extraits de l'article de Chanet (2001 : 65-69).

[15] La conclusion de Chanet (2001 : 78-79) est que le quoi particule ne conclut pas une unité syntaxique mais signale que ce qui précède, bien que sous-déterminé au niveau de l'information, devrait suffire pour que l'allocutaire infère l'information manquante. Dans l'approche fribourgeoise, cela constituerait une opération sur M, donc une actualisation.

2.3 Un quoi particule finale

[16] Les travaux ultérieurs sur le quoi particule vont se concentrer sur cette question du quoi en milieu d'unité syntaxique. Beeching (2002, 2007) reprend en grande partie l'explication la plus courante d'un quoi marquant l'hésitation, signalé par un cotexte de euh, de répétitions et de reformulations :

(12)

et puis alors les bonnes, quoi, les serveuses, dansaient (Beeching 2002 : 194)

Hölker (2010) reprend et propose, sur le même principe, un quoi polyfonctionnel, pouvant conclure des unités de différents niveaux. Le quoi particule peut servir à la fermeture ou à la correction, selon l'unité sur laquelle il porte, la correction n'étant qu'un cas particulier de fermeture à l'échelle de cette unité (Hölker 2010 : 95). Cette polyfonctionnalité signifie que le quoi particule ne correspond à aucune unité syntaxique en particulier.

[17] Un constat similaire est celui de Teston-Bonnard (2006) qui, comparant les occurrences de quoi particule avec les unités de la macro-syntaxe aixoise, trouve des occurrences en milieu d'unité. Lefeuvre, Morel & Teston-Bonnard (2010 : 18), pour leur part, cherchent à associer le quoi particule avec des unités rhématiques (avec 70-81% de correspondances), en reprenant, pour les occurrences qui n'y correspondent pas, « sa valeur prototypique liée à la recherche de formulation ». Lefeuvre (2011) cherchera par la suite à les associer aux unités syntaxiques prédicatives, avec entre 12 et 35 occurrences problématiques (sur 248)6.

[18] Ces différentes tentatives s'accompagnent de pourcentages : Denturck (2008) constate 28% de quoi particule en milieu d'unité syntaxique, alors que Lefeuvre (2011) en relève 0,5%. Nous reprendrons les proportions plus loin (§ 3.1). Notons également le travail de Deng (2018) qui, travaillant sur la langue seconde, n'a pas repéré d'occurrence interne.

[19] Enfin, deux points particuliers doivent être mis en avant. Le premier concerne la prosodie, à laquelle les auteurs recourent pour résoudre les cas ambigus (Chanet 2001 ; Teston-Bonnard 2006) et qui a fait l'objet d'une étude de Bartkova, Bastien & Dargnat (2016) et de Bartkova et al. (2017). Leur objectif était la détection automatique des particules par la prosodie, d'où des mesures acoustiques menant, pour le quoi, à deux contours bien distincts entre l'emploi comme particule et les autres emplois, principalement par une chute du pitch 'intonation' et par la présence de pauses. Les auteurs établissent également deux contours pour le quoi particule, selon que l'intonation est plate ou descendante relativement au cotexte gauche (Bartkova, Bastien & Dargnat 2016 : 5).

[20] Outre le contour prosodique, la littérature fait état de cas où quoi particule ne peut pas apparaître. Lefeuvre, Morel & Teston-Bonnard (2010 : 5)7 les illustrent :

(13)

(a) *il a quoi faim
(b) *Je me quoi trouve dans la salle 408.
(c) *une jolie quoi fille.
(d) *J'ai acheté un quoi journal.
(e) *très quoi bien

Il s'agit, pour le cotexte gauche, de locutions verbales (13a), de clitiques (13b), de déterminants (13d), d'adjectifs et adverbes (13c, 13e).

3 Les occurrences de quoi dans OFROM

[21] Nous proposons à notre tour une tentative de ramener le quoi polyfonctionnel à un emploi conclusif limité à une unité donnée, c'est-à-dire pour nous la clause-énonciation présentée plus haut (§ 1.2).

[22] Pour ce faire, nous exploiterons le corpus OFROM (Avanzi, Béguelin & Diémoz 2012-2019), de français parlé de Suisse Romande, dans sa version de novembre 2018 que nous pouvons comparer à d'autres corpus. Nous détaillerons ses occurrences (§ 3.1) avant de réaliser une analyse prosodique (§ 3.2), puis de proposer une analyse de ses occurrences en fin d'énonciation (§ 3.3).

3.1 Détail des occurrences

[23] Nous présentons ci-dessous (tableau 3) le détail des occurrences par corpus, avec une distinction entre les emplois comme proformes (régis), dans des locutions (tels quoi que ce soit, comme quoi, ...) et comme particules.

Corpus

Nbre mots

Occ. quoi

Proforme

Locution

Particules

CORPAIX

1050000

2449

466 (19%)

102 (4%)

1728 (70%)

CRFP

440000

1486

246 (16%)

70 (4%)

1134 (76%)

SegCor

20900

76

41 (51%)

1 (1%)

34 (45%)

CFPQ

688000

1108

999 (90%)

97 (8%)

12 (1%)

OFROM

1005000

3057

705 (23%)

101 (3%)

2251 (74%)

Tableau 3 : Comparaison de corpus

Les deux premiers corpus, CORPAIX et CRFP, sont ceux de Chanet (2001, 2004). Le corpus SegCor, déjà présenté (§ 1.1), diffère dans ses proportions et, du fait de sa faible quantité d'occurrences, ne fournit pas de cas où quoi est en position interne. Nous avons donc dépouillé d'autres corpus, dont OFROM, ainsi que le CFPQ, dont les proportions divergent notablement, avec 90% d'emplois de quoi proformes. Avec 74% d'occurrences de quoi particule, le corpus OFROM se trouve dans la moyenne.

[24] Le corpus OFROM est constitué d'enregistrements échantillonnés géographiquement sur l'ensemble de la Suisse romande, socialement par genre et par âge, et linguistiquement en deux situations, monologale avec des entretiens de 10 minutes et dialogale avec des conversations de 20 minutes :

OFROM

Nbre mots

Occ. de quoi

Particules

Entrevue

388000

1447 (0,37%)

949 (65,58%)

Conversation

522000

1366 (0,26%)

1139 (83,38%)

Tableau 4 : Distribution interne des occurrences

Les proportions n'étant pas équivalentes, nous avons procédé à des tests chi-square et établi des différences significatives : il y a moins d'occurrences en conversation libre (χ2=172,8) mais aussi plus de particules (χ2=65,9), faisant de la conversation un lieu privilégié d'occurrences. Les occurrences internes se distribuent comme suit :

Infixes

SN

SP

Qu -

Noyau

44

2

15

24

3

Tableau 5 : Distribution interne des occurrences

Nous avons pu relever 44 occurrences de quoi particule à l'intérieur d'une structure syntaxique, soit 1,95% des quoi particule. Nous nous rapprochons en cela bien plus de Lefeuvre (2011) que de Denturck (2008). Les occurrences ont été classées, dans le tableau 5, selon leur cotexte droit : la séquence ayant un rapport de rection avec ce qui précède peut être un syntagme nominal (SN) (14), un syntagme prépositionnel (SP) (15), une structure introduite par un mot en qu- (Qu-) (16) ou un constituant détaché à gauche (Noyau) (17). Dans ce dernier cas, il serait plus précis de dire que le quoi particule se trouve avant le sujet ou, en termes aixois, en tête du noyau.

(14)

c'est hallucinant quoi le fossé (0,6) qu'y a (0,9) entre les deux (unine11b12m)

(15)

pis il était allé quoi à la cérémonie (unine16a06d)

(16)

mais (0,2) ce serait un but quoi qui serait pas mal (unine15b37m)

(17)

quand j'étais en classe quoi y en a un avec qui je (unine08a13m)

Les pauses sont indiquées en secondes entre parenthèses.

[25] Cette répartition diffère de celle consistant à observer essentiellement le cotexte gauche. Elle s'inscrit dans la logique de Gülich (1970) pour qui ces éléments sont des ajouts, la phrase pouvant potentiellement se finir avant. Nous nous intéresserons donc surtout à l'autonomie du cotexte gauche et à la nature du cotexte droit pour déterminer s'il s'agit bien d'ajouts (§ 3.3). Pour le moment, notons simplement que le syntagme prépositionnel et la structure en qu- sont les plus fréquents dans nos données, et que nous n'avons au mieux qu'une occurrence (classée Noyau) entre un sujet et son verbe, présentée plus bas (figure 3).

3.2 Analyse prosodique

[26] Le principal argument en faveur d'un quoi particule purement conclusif repose sur le contour prosodique que celui-ci peut prendre. Si le contour est conclusif, comme l'ont relevé Bartkova, Bastien & Dargnat (2016 : 4-5), alors la séquence qui le suit, le cotexte droit, devrait constituer une unité à part : c'est le concept d'épexégèse (Bally 1965 [1932] : 59). Cet argument est défendu par l'approche fribourgeoise (Avanzi 2010 ; Berrendonner 2011), où l'énonciation est porteuse d'un contour prosodique, appelé intonème, qui peut être continuatif ou conclusif (ainsi que contenir d'autres informations) : s'il est conclusif, il indique l'achèvement d'une unité plus large.

[27] L'analyse prosodique qui suit est perceptive, et vérifiée après-coup par le relevé du pitch 'intonation' sous Praat (Boersma & Weenink 2001-2020). Toutes les occurrences du corpus SegCor, dont aucune n'est interne à l'unité syntaxique, correspondent à un contour intonatif conclusif, illustré ici par les données d'OFROM :

Figure 1 : unine15b37m

Figure 2 : unine08a25m

Les figures 1-2 présentent sur trois lignes le pitch, la transcription et la même transcription segmentée en token 'mot'. Un segment vide est une pause. Le contour conclusif consiste en une chute du pitch entre la dernière syllabe du token précédent et la syllabe constituée par quoi. La chute est mesurable sur le pitch à hauteur de 6-8 demi-tons : un intonème conclusif est considéré, entre autres critères, à partir d'une différence de hauteur de 4 demi-tons (Avanzi, Lacheret-Dujour & Victorri 2008).

[28] Concernant les occurrences du corpus OFROM, la même analyse a été menée pour les occurrences considérées comme internes. Les deux types de contour, plat et descendant, ont été observés. Le contour plat a été observé sur 3 occurrences, sans pouvoir lier ce contour à un type particulier soit selon notre classification, soit selon celle de Chanet (2001).

Figure 3 : unine15z53m

La barre oblique « / » indique une troncation. En figure 3, le contour a été considéré comme plat, avec une différence inférieure à un demi-ton entre la syllabe précédente et le quoi. Nous n'avons pu identifier que 3 de ces contours plats (sur 44 occurrences), mais nous restons prudents sur cette proportion qui demanderait à être comparée à d'autres corpus pour confirmation.

[29] Outre l'intonation, un critère prosodique fréquent est la présence d'une pause juste après l'occurrence. La transcription de nos corpus indique une pause à partir de 0,1 seconde d'absence de parole. Le corpus SegCor comptabilise 58,8% de telles pauses, dont 5 entre 0,1-0,5 seconde, les 15 autres correspondant à des fins de tour de parole. Le corpus OFROM comptabilise 53,13% de telles pauses, dont au moins trois cents (sur mille deux cents) correspondent à des fins de tour de parole. Pour les occurrences internes dans ce corpus, la proportion tombe à 22,7%, soit 10 sur 44. La pause est systématiquement absente du cotexte gauche de toutes les occurrences.

[30] L'argument prosodique est fort : le quoi particule n'a jamais de contour intonatif montant, ce qui le distingue de son emploi comme proforme. La fréquence et la durée des pauses après l'occurrence ainsi que la relative rareté des contours plats renforcent cet argument. Cet argument suffirait de fait à ramener la majorité des occurrences dites internes à des cas d'épexégèse, comme en figure 1 ; quant aux contours plats, ils seraient assimilés à des cas de parenthèses. En figure 3, il n'y a pas besoin de recourir à la parenthèse : l'analyse de l'arg/ la nourriture sur lequel porte quoi peut soit être un double sujet avec le ce de c'était, soit constituer une forme de dislocation à gauche, auquel cas l'approche fribourgeoise le considère comme une énonciation (Groupe de Fribourg 2012 : 168, 173).

3.3 Quoi en fin d'énonciation

[31] Les deux types de contour prosodique correspondent dans l'approche fribourgeoise à deux intonèmes systématiques liés au quoi particule, de sorte que cette particule conclut nécessairement une énonciation. Cet argument se confronte néanmoins à des cas problématiques tels que :

(18)

c'est vraiment déplaisant pour skier euh (.) le plaisir même de la glisse quoi n'est pas réalisé fff ce que je parle bien ((rire)) (CLAPI, clodif Q4)

Cet exemple, issu du corpus CLAPI, présente un cas typique de séparation du sujet et de son verbe. Nous avons pu confirmer que le contour y était descendant, donc conclusif. Il est difficile pour autant ici d'accepter l'idée que le plaisir même de la glisse constituerait une énonciation à part, du fait du clair rapport de rection.

[32] Cette problématique est renforcée par un test de suppression du cotexte droit, consistant à observer si l'unité restante est autonome, s'il s'agit d'un lieu possible de complétion de la phrase :

(14a)

c'est hallucinant quoi

(15a)

pis il était allé quoi

(16a)

mais (0,2) ce serait un but quoi

(17a)

quand j'étais en classe quoi

Si nous reprenons les exemples (14-17), remis en contexte et avec prise en compte de la prosodie, tous peuvent constituer un tour de parole complet, y compris syntaxiquement. Même les cas classés noyau (17a), avec un constituant détaché à gauche, peuvent en contexte s'arrêter à ce constituant : il suffit pour cela, outre la suppression du cotexte droit, que le contour intonatif passe de plat à descendant.

[33] Ce constat n'est pas généralisable. La figure 3 présente un exemple où montrait que l'arg/ la nourriture quoi ne peut pas constituer un tour de parole syntaxiquement ou pragmatiquement complet. Dans ce cas-là, l'analyse en forme de dislocation l'emporte. Cette analyse n'est plus possible pour (18), et il faut alors recourir à d'autres hypothèses que l'ajout. Nous proposons, au terme de ce travail, trois hypothèses possibles :

(a)

Le quoi est polyfonctionnel : il peut porter sur des unités en-deçà de l'énonciation.

(b)

Il s'agit de formes de parenthésage : l'unité en-deçà de l'énonciation, du fait de sa nature parenthétique, correspond à un type d'actualisation et donc à une énonciation en soi, parallèle à une autre énonciation en cours.

(c)

Il s'agit de structures pragma-syntaxiques : l'absence d'autonomie du premier membre, sur lequel porte quoi, est dû à cette structure.

Nous ne commenterons que la troisième hypothèse. La première est explicite, et correspond à la position de Hölker (2010). Le quoi particule pourrait avoir une fonction propre au niveau de la pragma-syntaxe, ainsi qu'avoir d'autres fonctions à d'autres niveaux d'analyse. Contredire cette hypothèse revient, à notre avis, à démontrer que le quoi particule ne s'appliquerait qu'à un seul type d'unité linguistique. La seconde hypothèse consiste pour sa part à appliquer une structure connue, la parenthèse, à des cas extrêmes : il est très difficile d'argumenter qu'un cas tel que la figure 3, avec élément détaché, serait une forme de parenthésage. La troisième hypothèse suggère l'existence d'une autre structure.

[34] Les structures pragma-syntaxiques, appelées routines périodiques, consistent en des combinaisons d'opérations sur M : par exemple l'introduction d'un objet dans un premier membre avant d'opérer dans le second (Préparation + Action) correspondant à la dislocation à gauche. Un constat est que le quoi particule n'est pas possible dans certaines routines :

(19)

[ben par exemple quand j'étais en classe quoi] [y en a un avec qui je ben %] [ouais] [s/ le contact allait très bien] (unine08a13m)

En (19), le pourcent « % » signale un passage inaudible. Nous avons mis les clauses-énonciations entre crochets « [xxx] » pour un total de quatre unités. Les seconde et quatrième énonciations constituent une routine (Action + Réfection), telle qu'une structure est abandonnée en faveur d'une nouvelle. Il devrait s'agir d'un cas typique d'hésitation propice au quoi, mais la seconde unité ne peut pas être conclue par celui-ci.

[35] La troisième hypothèse, pour éviter le recours au parenthésage, consiste à dire que le quoi particule se retrouve au sein de certaines routines communicatives, de certaines structures macro-syntaxiques, auquel cas des occurrences comme (18) seraient des routines potentiellement encore à établir.

4 Conclusion

[36] Au terme de ce travail, nous ne pouvons pas conclure que le quoi particule se retrouve toujours et uniquement en fin d'énonciation au sens de l'approche fribourgeoise. La possibilité d'une polyfonctionnalité demeure, notamment au travers du contour plat et de cas où aucune routine communicative connue ne semble applicable, comme en (18).

[37] Nous pouvons néanmoins confirmer toutes les observations établies avant nous : la proportion de quoi particule observée par les précédents auteurs8, la proportion de quoi en position dite interne, les deux contours intonatifs de la particule et sa nature conclusive. Concernant cette nature, nous affirmons que le quoi particule génère systématiquement la fermeture de l'unité sur laquelle il porte, et que cette unité est une énonciation au sens de l'approche fribourgeoise. En cela, si sa présence est un indice fiable de frontière d'énonciation, il ne peut pas être utilisé comme test : son ajout entraîne la création d'une frontière et ne permet donc pas de tester si cette frontière existait auparavant. De même, toutes les énonciations n'acceptent pas le quoi particule, et un tel test éliminerait donc des énonciations.

[38] La possibilité d'un quoi particule polyfonctionnel n'en fait pas une nécessité. Il est plus probable au vu de la prosodie et des contraintes d'emploi de cette particule que nous ayons affaire à des contextes qui, faute d'avoir été considérés jusque-là comme des frontières macro-syntaxiques, n'ont pas permis de décrire la ou les routines communicatives qui s'y appliquent. Nous soutenons donc l'analyse du quoi de Chanet (2001) comme un actualisateur générant une opération sur M qui reste à déterminer.

Abréviations

ANR = Agence nationale de la recherche.

DFG = Deutsche Forschungsgemeinschaft.

ICAR = Interactions, corpus, apprentissages, représentations. http://icar.cnrs.fr.

IDS = Leibniz-Institut für deutsche Sprache. https://www.ids-mannheim.de.

LLL = Laboratoire ligérien de linguistique. http://www.univ-orleans.fr/fr/lll.

SegCor = Projet ANR-DFG Segmentation of oral corpora.

Bibliographie

Andrews, Barry 1989. Terminating devices in spoken French. International Review of Applied Linguistics in Language Teaching 27, 193-216.

Avanzi, Mathieu 2010. Rattachement et fragmentation de la syntaxe par la prosodie. Travaux de linguistique 60, 145-166.

Avanzi, Mathieu, Marie-José Béguelin, Federica Diémoz 2012-2019. Présentation du corpus OFROM – corpus oral de français de Suisse romande. Neuchâtel : Université de Neuchâtel. http://www.unine.ch/ofrom.

Avanzi, Mathieu, Anne Lacheret-Dujour, Bernard Victorri 2008. Analor, un outil d'aide pour la modélisation de l'interface prosodie-grammaire. Catherine Collin (éd.). Grammaire et prosodie 1. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 27-46. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00636544.

Bally, Charles 1965 [1932]. Linguistique générale et linguistique française. 4e édition. Berne : Francke.

Bartkova, Katarina, Alice Bastien, Mathilde Dargnat 2016. How to be a discourse particle? Jon Barnes et al. (éds.). Speech Prosody 2016. 31 May - 3 Jun 2016, Boston, USA. https://www.isca-speech.org/archive/SpeechProsody_2016/pdfs/258.pdf.

Bartkova, Katarina et al. 2017. Annotations de particules de discours en français sur une large variété de corpus. Laurence Danlos et al. (éds.). TALN 2017. 24e Conférence sur le traitement automatique des langues naturelles. Orléans, France, 26-30 juin 2017. Actes de l'atelier ACor4French - Les corpus annotés du français (ACor4French 2017), 10-17. taln2017.cnrs.fr/wp-content/uploads/2017/06/actes_ACor4French_2017.pdf.

Beeching, Kate 2002. Gender, politeness and pragmatic particles in French. Amsterdam : Benjamins.

Beeching, Kate 2007. La co-variation des marqueurs discursifs bon, c'est-à-dire, enfin, hein, quand même, quoi et si vous voulez : une question d'identité ? Langue française 154, 78-93.

Berrendonner, Alain, Marie-José Béguelin. 1989. Décalages : les niveaux de l'analyse linguistique. Langue française 81, 99-125.

Berrendonner, Alain 1990. Pour une macro-syntaxe. Travaux de linguistique 21, 25-36.

Berrendonner, Alain 2011. Unités syntaxiques & unités prosodiques. Langue française 170, 81-94.

Berrendonner, Alain 2017. La notion de phrase. Denis Apothéloz et al. (éds.). Encyclopédie grammaticale du français. http://encyclogram.fr/notx/013/013_Notice.php.

Blanche-Benveniste, Claire et al. 1984. Pronom et syntaxe. L'approche pronominale et son application au français. Paris : SELAF.

Blanche-Benveniste, Claire et al. 1990. Le français parlé. Études grammaticales. Paris : Éditions du Centre national de la recherche scientifique.

Boersma, Paul, David Weenink 2001-2020. Praat: doing phonetics by computer. http://www.praat.org.

CFPQ = Gaétane Dostie (éd.) 2006-2020. Corpus de français parlé au Québec. https://applis.flsh.usherbrooke.ca/cfpq.

Chanet, Catherine 2001. 1700 occurrences de la particule quoi en français parlé contemporain : approche de la « distribution » et des fonctions en discours. Marges linguistiques 2, 56-80.

Chanet, Catherine 2004. Fréquence des marqueurs discursifs en français parlé : quelques problèmes de méthodologie. Recherches sur le français parlé 18, 83-106.

CLAPI = Laboratoire ICAR (éd.) 2004-2020. Corpus de langue parlée en interaction. http://clapi.icar.cnrs.fr.

CORPAIX = Groupe aixois de recherche en syntaxe (GARS) (éd.) 1999. Corpus d'Aix-en-Provence. Non publié.

CRFP = Groupe Description linguistique sur corpus (DELIC) (éd.) 2004. Corpus de référence du français parlé. Non publié.

Deulofeu, José 2016. La macrosyntaxe comme moyen de tracer la limite entre organisation grammaticale et organisation du discours. Modèles linguistiques 74, 135-166. https://journals.openedition.org/ml/2040.

Deng, Delin 2018. Comme c'est un peu langage des jeunes quoi : analyse du marqueur discursif quoi dans le discours des Chinois résidant en France. Frank Neveu et al. (éds.). 6e Congrès mondial de linguistique française, Université de Mons, Belgique, 9-13 juillet 2018. https://doi.org/10.1051/shsconf/20184613001.

Delattre, Pierre 1966. Les dix intonations de base du français. The French Review 40, 1-14.

Denturck, Elien 2008. Étude des marqueurs discursifs : l'exemple de quoi. Thèse de maîtrise, Universiteit Gent.

Dostie, Gaétane, Claus D. Pusch 2007. Présentation : Les marqueurs discursifs. Langue française 154, 3-12.

ESLO = Laboratoire ligérien de linguistique (éd.) 1969-2020. Enquêtes sociolinguistiques à Orléans. http://eslo.huma-num.fr.

Fernandez-Vest, Jocelyne 1994. Les particules énonciatives dans la construction du discours. Paris : Presses universitaires de France.

Fischer, Kerstin 2006 (éd.). Approaches to discourse particles. Amsterdam : Elsevier.

FOLK = Leibniz-Institut für deutsche Sprache (éd.) 2008-2020. Forschungs- und Lehrkorpus Gesprochenes Deutsch. http://agd.ids-mannheim.de/folk.shtml.

Fraser, Bruce 1999. What are discourse markers? Journal of Pragmatics 31, 931-952.

Groupe de Fribourg 2012. Grammaire de la période. Berne : Peter Lang.

Gülich, Elisabeth 1970. Makrosyntax der Gliederungssignale im gesprochenen Französisch. München : Fink.

Hansen, Maj-Britt M. 1998. The function of discourse particles. A study with special reference to spoken standard French. Amsterdam : Benjamins.

Hjelmslev, Louis 1968 [1943]. Prolégomènes à une théorie du langage. Paris : Minuit [Traduction de Omkring sprogteoriens grundlæggelse. København : Munksgaard].

Hölker, Klaus 1988. Zur Analyse von Markern. Korrektur- und Schlussmarker des Französischen. Stuttgart : Franz Steiner.

Hölker, Klaus 2010. Frz. quoi als Diskursmarker. Linguistik online 44, 87-97. https://doi.org/10.13092/lo.44.405.

Lefeuvre, Florence 2007. Quoi de neuf sur quoi ? Étude morphosyntaxique du mot quoi. Rennes : Presses universitaires de Rennes.

Lefeuvre, Florence 2011. Bon et quoi à l'oral : marqueurs d'ouverture et de fermeture d'unités syntaxiques à l'oral. Linx 64-65, 223-240. https://journals.openedition.org/linx/1422.

Lefeuvre, Florence, Mary-Annick Morel, Sandra Teston-Bonnard 2010. Valeurs prototypiques de quoi à travers ses usages en français oral. Neuphilologische Mitteilungen 112, 37-59. https://www.jstor.org/stable/pdf/43344693.pdf.

Lehmann, Christian 1988. Towards a typology of clause linkage. John Haiman, Sandra A. Thompson (éds.). Clause combining in grammar and discourse. Amsterdam : Benjamins, 181-225.

Martinet, André 1960. Éléments de linguistique générale. Paris : Armand Colin.

OFROM = Mathieu Avanzi, Marie-José Béguelin, Federica Diémoz (éds.) 2012-2019. Corpus oral de français de Suisse romande. http://www.unine.ch/ofrom.

Raible, Wolfgang 2001. Linking clauses. Martin Haspelmath et al. (éds.). Language typology and language universals. An international handbook. Berlin : De Gruyter, 590-616.

Rossi-Gensane, Nathalie et al. 2020. La syntaxe en empirie et en théorie. La proposition de segmentation multiniveau du projet SegCor pour le français parlé. Marie-José Béguelin, Gilles Corminboeuf, Florence Lefeuvre (éds). Types d'unités et procédures de segmentation. Limoges : Lambert-Lucas, 203-220.

Smessaert, Hans et al. 2005. Degrees of clause integration: from endotactic to exotactic subordination in Dutch. Linguistics 43, 471-529.

Teston-Bonnard, Sandra 2006. Propriétés topologiques et distributionnelles des constituants non régis : application à une description syntaxique des particules discursives (PDI). Thèse de doctorat, Université de Lyon 2.

Vincent, Diane, David Sankoff 1992. Punctors: a pragmatic variable. Language variation and change 4, 205-216.

Vincent, Diane 1993. Les ponctuants de la langue. Québec : Nuit blanche.

1 Voir la bibliographie.

2 L'analyse de la 'subordonnée' parce que est problématique : elle est classiquement interprétée comme régie, mais peut correspondre à des cas macro-syntaxiques (Deulofeu 2016).

3 Outre le fait d'inclure trop d'éléments, cette définition est contradictoire : dans le modèle fribourgeois, ce qui n'est pas régi est nécessairement autonome. Nous appelons ici marqueur discursif tout élément dont le statut dans le modèle demeure flou.

4 Osti : juron québécois, considéré comme ponctuant par Vincent (1993).

5 Le préjugé sur les marqueurs discursifs combattu par Chanet (2001) viendrait donc d'une interprétation erronée des recherches antérieures.

6 Une occurrence ne peut pas conclure l'unité syntaxique prédicative, onze autres sont problématiques et vingt-trois, bien qu'en position interne, sont justifiées (Lefeuvre 2011 : 17-18).

7 Constat déjà établi par Vincent (1993) et Teston-Bonnard (2006), mais plus détaillé ici.

8 Le corpus CFPQ montre également une variation diatopique, et nous pouvons nous attendre à d'autres variations, notamment avec l'écrit et les nouveaux médias.